Fête du Travail – Un goût amer pour certaines catégories de professionnels

Québec, le 2 septembre 2018 – Bien que le cœur devrait être aux célébrations dans la foulée de la fête du Travail, certaines personnes professionnelles membres du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) – travaillant au sein d’organismes gouvernementaux à prédominance féminine et à vocation culturelle – composent toujours avec des écarts salariaux importants et désavantageux par rapport aux organisations à prédominance masculine ou aux autres administrations publiques.

Deux poids deux mesures pour les corps d’emploi à majorité féminine
Le SPGQ constate que des organismes gouvernementaux à prédominance féminine (comme le Musée d’art contemporain du Québec, le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée de la civilisation, et le Conseil des arts et des lettres du Québec) offrent des salaires moindres que des organisations à prédominance masculine (comme Hydro-Québec, Investissement Québec et le Centre de recherche industrielle du Québec).

Pour une même profession, la comparaison des salaires – au maximum de l’échelle salariale des emplois – dans les organisations à prédominance féminine et dans les organisations à prédominance masculine révèle que les premières se classent souvent parmi celles qui offrent les salaires les moins élevés. Afin d’illustrer cette disparité, voici deux exemples.

  • En comparant les salaires d’un agent de la gestion financière chez Hydro-Québec (organisation à prédominance masculine) à ceux offerts au Musée de la civilisation et au Musée national des beaux-arts (organisations à prédominance féminine), l’analyse pointe un écart de plus de 17 000 $ favorisant Hydro-Québec.
  • Concernant les salaires d’un analyste de l’informatique et des procédés administratifs, il existe un écart de plus de 15 000 $ à l’avantage des organisations à prédominance masculine.

 

Iniquité de traitement pour les membres professionnels de l’ARQ
Ajoutons à cela les quelque 4 600 professionnelles et professionnels de Revenu Québec qui subissent un écart salarial d’environ 30 % par rapport à leurs confrères de l’Agence du revenu du Canada (ARC). La transformation de l’ARC en agence a permis à ses personnes professionnelles d’obtenir des conditions salariales supérieures à celles d’autres personnes professionnelles de la fonction publique fédérale. Revenu Québec a pourtant laissé miroiter, lors de sa création, que malgré leur perte de mobilité interministérielle offerte aux autres employés de la fonction publique, ces membres professionnels seraient mieux traités. Les offres actuelles de l’employeur ne remplissent toujours pas cette promesse et l’écart très défavorable avec l’ARC perdure.

Dévalorisation des corps d’emplois professionnels des collèges
Par ailleurs, le SPGQ est préoccupé par l’iniquité salariale qui sévit au détriment du personnel professionnel des collèges au fur et à mesure qu’il se féminise. De 1997 à aujourd’hui (et plus encore en 2019), la situation du traitement aura évolué positivement pour les catégories d’emplois cadre et enseignante à majorité masculine ou mixte. Cependant, la situation aura évolué négativement pour la catégorie d’emplois professionnelle, où le nombre de femmes est devenu égal au nombre d’hommes en 2000 et constitue aujourd’hui les trois quarts de l’effectif.

Néanmoins, des pistes de solutions existent. Avec les plaintes en maintien de l’équité salariale et avec la démonstration faite que la féminisation des emplois a coïncidé avec une perte salariale relative de 21 % par rapport à d’autres catégories d’emploi professionnel sur 20 ans, le SPGQ a porté un coup d’arrêt à la détérioration des conditions de travail. Il a aussi posé des jalons pour une meilleure reconnaissance du travail professionnel dans les collèges, qui font partie de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, la mise en place de comités paritaires pour éviter que les membres professionnels subissent une diminution de salaire en avril 2019, tel que prévu, en dépit de leur appartenance au monde de l’enseignement supérieur, suscite l’espoir. Nous verrons à quel point le gouvernement est sincère à cet effet.

Du travail à faire encore dans la fonction publique
Aussi, le gouvernement s’est engagé à créer un comité externe sur l’équité pour comparer l’écart de rémunération entre les professionnels de la fonction publique à son emploi et ceux qui travaillent pour d’autres administrations publiques. Il s’agit là d’un outil tangible pour réduire l’écart salarial dont sont victimes certains membres du SPGQ et permettre à l’État québécois d’engager et de retenir la meilleure expertise disponible.

 

Richard Perron
Président