Lettre ouverte en réponse à la chronique de Mario Dumont intitulée « En culottes courtes devant les syndicats ».
Bonjour M. Dumont,
Dans votre chronique, vous vous inquiétez de « l’appétit syndical » à la veille des négociations. J’aimerais vous rappeler qu’un « gouvernement rigoureux et soucieux des dollars des contribuables » est aussi un gouvernement capable d’investir là où c’est nécessaire.
Lorsque vous prenez votre petit déjeuner le matin, avez-vous songé que des professionnels du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec se sont assurés que votre repas était sans danger? Lorsque vous avez pris la route pour vous rendre au travail, avez-vous eu une pensée pour les professionnels qui ont fait en sorte que les routes que vous empruntez sont sécuritaires? Lors de votre dernière visite au musée, avez-vous réalisé que l’exposition que vous aviez sous les yeux ne saurait exister sans le travail de professionnels? Ce ne sont là que quelques exemples.
Ne croyez-vous pas que les professionnels méritent des conditions de travail à la hauteur de leur expertise et de leurs responsabilités? Actuellement, le gouvernement peine à recruter et retenir les meilleurs talents en raison de conditions peu attractives. Cette situation va finir par se répercuter dans les services offerts à la population. C’est déjà le cas dans certaines situations.
Retard de rémunération
D’après l’Institut de la statistique du Québec, le personnel professionnel de l’État accusait l’an dernier un retard de la rémunération globale de 9,9 % avec le réseau universitaire, de 17,7 % avec les entreprises publiques, de 16,4 % avec l’administration fédérale et de 22,7 % avec l’administration municipale. Rien pour aider à l’attraction et à la rétention!
Le Québec offre tous les signes d’une excellente santé financière. Il compte sur des surplus historiques estimés à environ 8,3 milliards $ avant versement au fonds des générations. De plus, en septembre 2019, les hausses salariales moyennes étaient d’environ 6 %, selon l’Institut du Québec. Ne trouvez-vous donc pas le moment propice pour faire reconnaître la multitude de gestes posés par les professionnelles et professionnels de l’État liés à l’éducation, à la santé, à la culture, à la langue, à l’environnement, à la sécurité, aux infrastructures, aux services financiers et à l’aménagement du territoire?
Discrimination systémique
N’est-il pas aussi temps de mettre un terme à la discrimination systémique envers les femmes? Encore aujourd’hui, on peut observer des écarts salariaux significatifs pour les mêmes postes entre les organisations à prédominance masculine et celles à prédominance féminine. À titre d’exemple, les professionnels gagnaient 93 200 $ par an chez Hydro-Québec au maximum de l’échelle salariale. Ceux-ci sont des hommes en majorité. Au Musée d’art contemporain du Québec, au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée de la civilisation, où les femmes sont majoritaires, les salaires variaient plutôt entre 75 200 $ et 81 400 $. Les femmes ne devraient plus avoir à se battre pour obtenir des conditions de travail équitables.
Grâce à leur talent et à leur savoir-faire, les professionnels de l’État contribuent activement au mieux-être de tous les Québécois. Souvent invisibles, peu reconnus et rarement spectaculaires, leurs gestes assurent la stabilité, le bon fonctionnement, la planification, le rayonnement et la santé des institutions québécoises. Il est temps de le reconnaître et de valoriser leur expertise.
Line Lamarre
Présidente du SPGQ