Québec, le 28 septembre 2020 – « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Ces paroles de Simone de Beauvoir demeurent toujours aussi pertinentes en cette Journée mondiale du droit à l’avortement.
Encore aujourd’hui, les avortements pratiqués dans des conditions risquées sont l’une des principales causes de mortalité maternelle dans le monde, selon l’organisme Médecins sans frontières.
Aux États-Unis, les groupes anti-choix sont très actifs. Plusieurs États ont d’ailleurs adopté des lois pour resserrer le droit à l’avortement ces dernières années.
Au Canada, l’avortement a été décriminalisé en 1988 après un jugement historique de la Cour suprême du Canada (l’arrêt Morgentaler). Il est maintenant considéré un soin de santé, garanti par la Loi canadienne sur la santé. Ce serait toutefois une erreur de croire que cette décriminalisation a éteint la contestation et réglé toutes les embûches pour les femmes ayant besoin d’un avortement.
En 2008, le projet de loi privé fédéral C-484, intitulé Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels, a été adopté en Chambre en seconde lecture, rappelle le Conseil du statut de la femme. Il a finalement été rejeté, mais il a été suivi par plusieurs autres projets de loi privés et motions. En 2018, on dénombrait près d’une trentaine de groupes anti-choix au Québec.
Accès difficile à l’avortement
Une cinquantaine de cliniques et d’hôpitaux pratiquent des avortements au Québec. Malgré tout, ce soin demeure difficilement accessible pour certaines femmes, particulièrement dans les régions éloignées des grands centres. Les délais pour en bénéficier peuvent aussi être très longs.
La pilule abortive, utilisable pour les grossesses de neuf semaines ou moins, a été autorisée en 2017 au Canada et en 2018 au Québec. Néanmoins, elle demeure beaucoup moins accessible au Québec qu’ailleurs selon des chercheuses de l’Université Laval qui ont étudié la question.
Dans les 18 premiers mois suivant l’implantation du médicament, 40 % des femmes ayant obtenu un avortement l’avaient utilisé en Colombie-Britannique. En Ontario, ce taux était de 30 %. Au Québec, après un an, cette proportion n’était que de 9 %. Cette situation s’expliquerait notamment par une formation des médecins mal adaptée, des normes de pratique confuses et exagérées ainsi qu’un manque d’infirmières. En avril 2019, moins de la moitié des cliniques d’avortement (la plupart en milieu rural) offraient la pilule abortive.
Les femmes et leurs alliés doivent donc continuer de faire preuve de vigilance et de se battre pour un accès adéquat à l’avortement. Un vrai choix n’est possible que si les options sont réellement accessibles à toutes les femmes.
Line Lamarre
Présidente du SPGQ