Québec, le 27 octobre 2020 – Le SPGQ profite du Mois de l’histoire des femmes pour donner la parole à la première femme élue à la présidence de l’organisation, Carole Roberge. En poste de 2003 à 2006, elle avait réalisé deux mandants à titre de première vice-présidente auparavant.
Détentrice d’une maîtrise en service social et d’une autre en administration publique, elle a travaillé dans des entreprises privées, dans un cégep ainsi que dans trois ministères avant d’être élue au comité exécutif du SPGQ. Ancienne présidente-directrice générale de l’Alliance des cadres de l’État, elle est maintenant à la retraite.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir présidente du SPGQ?
Ça n’a jamais fait partie de mon plan de carrière. En fait, ce sont des délégués qui m’appuyaient et me l’ont demandé. Ce sont les autres qui m’ont propulsée, d’une certaine façon. J’étais reconnue pour mon intégrité, mon fairplay et ma capacité de faire les liens entre les gens pour faire avancer les choses.
Quelles femmes vous ont aidée dans votre parcours syndical?
Il y en a plusieurs! Je pense notamment aux déléguées de mon ministère, à celles de mon comité exécutif et aux représentantes d’expérience au conseil syndical.
J’ai eu l’appui de plusieurs hommes aussi. Il y avait notamment beaucoup d’entraides entre les chefs syndicaux. On se retrouve souvent bien seuls à la tête d’une organisation et les autres chefs syndicaux sont à même de bien comprendre, nous partagions les mêmes préoccupations. Ils étaient des hommes pour la plupart.
Quelles ont été vos principales réalisations à titre de présidente du SPGQ?
Je suis fière de dire que c’est lors de ma présidence qu’il y a eu, pour la première fois, quatre femmes au comité exécutif du SPGQ. J’ai aussi engagé la première directrice générale de l’organisation.
Pour la négociation de 2005, la mobilisation était incroyable. Nous avons fait près d’une vingtaine d’événements. Nous avons notamment obtenu une augmentation des primes d’expert et d’émérite et leur éligibilité au régime de retraite. Nous avons également contribué à la création du Secrétariat intersyndical des services publics.
Nous avons aussi réglé le dossier de l’équité salariale qui traînait depuis des années.
Finalement, nous avons réussi à faire renverser un décret du gouvernement sur la centralisation et désyndicalisation des agents d’information. J’avais eu l’appui de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et des centrales syndicales.
Ces réalisations sont le résultat du travail de toute l’équipe du SPGQ.
Quels ont été vos principaux défis?
À mon arrivée en poste, le Parti Québécois a perdu au profit des libéraux de Jean Charest. Nous passions des coupures budgétaires et du déficit zéro à la réingénierie de l’État. À l’époque, par exemple, on ne remplaçait qu’un départ à la retraite sur deux. La donne changeait. Nous nous retrouvions devant des enjeux différents en relations de travail, en sous-traitance, en privatisation, sur la qualité des services publics et la neutralité de l’État. À cette époque, nous avons présenté neuf mémoires en commission parlementaire qui touchaient des réformes administratives et la privatisation de services publics.
Quelles femmes vous ont inspirée dans votre parcours syndical?
Mes premiers modèles féminins, dans l’enfance, sont ma grand-mère et la directrice de la caisse populaire de mon coin qui gérait aussi le magasin général. Ça m’impressionnait.
Plus tard, j’ai eu beaucoup d’admiration pour Jennie Skene, ancienne présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
Quelles sont, à votre avis, les luttes que doivent mener les syndicalistes féministes de la relève?
Actuellement, les débats sont très polarisés, ce qui entraîne beaucoup d’intimidation, particulièrement en ligne. Les femmes sont davantage touchées par ce phénomène qu’il faut combattre. Aussi, on voit que le mouvement pour les droits des femmes recule. Il faut continuer de lutter pour conserver nos droits menacés, comme le droit à l’avortement. Il importe que les hommes et les femmes s’associent dans cette démarche.
Quel conseil donneriez-vous à une personne désireuse de s’engager dans son syndicat?
D’oser! L’inconnu peut faire peur, mais le syndicat est une merveilleuse école à plusieurs égards. Les gens devraient s’impliquer dans un comité, une instance, peu importe. L’important, c’est d’apporter leurs préoccupations au syndicat. S’engager permet d’avoir une influence sur ses conditions de travail, ses conditions de vie et sur différents enjeux de société.