Québec, le 24 novembre 2020 — C’est avec beaucoup de déception que nous avons appris la décision du gouvernement de maintenir la fermeture des bibliothèques et des musées au moins jusqu’au 11 janvier 2021. Cette décision, lourde de conséquences, nous semble tout à fait injustifiée d’un point de vue de santé publique.
« Il y a moins de risques dans un musée que dans un commerce, où les gens touchent à tout. Les gens n’y vont pas pour courir. Et, en général, ils ne parlent pas non plus », indiquait récemment à Radio-Canada la chercheuse en microbiologie à l’Université McGill, Anne Gatignol. Les musées sont également des édifices très bien ventilés par souci de préservation des œuvres d’art. Les risques sont donc d’autant plus bas.
De plus, les mesures sanitaires, comme la distanciation physique, étaient très bien respectées dans les bibliothèques et les musées avant que le gouvernement ordonne leur fermeture lors de la deuxième vague. Les visiteurs, par exemple, se présentaient à une plage horaire bien précise pour éviter un trop grand achalandage. Combien de commerces peuvent en dire autant? Aucun. Actuellement, les commerces accueillent en grand nombre des clients à la recherche de cadeaux et autres articles pour les Fêtes.
Le ministère de la Culture et des Communications a montré sa volonté de soutenir la réouverture des bibliothèques et des musées de manière sécuritaire, selon nos récents échanges avec le bureau de la ministre, Nathalie Roy. Il ne manque que votre volonté pour faire ce cadeau à la population du Québec. Imaginez nos bibliothèques et nos musées en cadeau de Noël! Ce serait une belle démonstration de l’importance donnée à l’art et à la culture.
Peut-être avez-vous oublié que ces lieux sécuritaires sont non seulement très enrichissants d’un point de vue culturel, mais qu’ils sont aussi une source intéressante de retombées économiques. Chaque dollar de production économique (PIB) en culture s’accompagne de 0,70 $ à 0,90 $ en production additionnelle dans le reste de l’économie. De plus, chaque tranche de 100 millions $ dépensés en culture correspond à 1 540 emplois, soit nettement plus que dans la moyenne des industries québécoises (1 030 emplois).
Les travailleurs des bibliothèques et des musées, dont nos professionnels, sont également des contribuables qui paient taxes et impôts au gouvernement du Québec. Ils aimeraient continuer de le faire. Malheureusement, plusieurs d’entre eux, au Musée d’art contemporain de Montréal, au Musée de la civilisation et à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ont été mis à pied ou ont vu leurs heures de travail réduites. Pour plusieurs de nos membres et leurs familles, le temps des Fêtes s’annonce difficile parce qu’ils sont victimes de votre décision arbitraire.
En tant que ministre de la Santé et des Services sociaux, vous n’ignorez sans doute pas les bienfaits de la culture sur le bien-être de la population. L’Organisation mondiale de la santé a démontré, dans un rapport publié l’automne dernier, l’importance des arts pour la santé. Le document, qui a analysé plus de 900 publications à travers le monde, montre, par exemple, que les arts contribuent à lutter contre la douleur, à diminuer l’anxiété et à mieux gérer le diabète. À l’heure où les problèmes de santé mentale se multiplient, les bibliothèques et les musées ont un rôle à jouer dans le bien-être de la population.
Dubé, la population québécoise a besoin de retrouver l’accès aux bibliothèques et aux musées. Offrez-leur ce cadeau pour Noël.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente près de 29 000 spécialistes, dont environ 20 650 dans la fonction publique, 5 400 à l’Agence du revenu du Québec et 2 950 en santé, en éducation et dans les sociétés d’État.
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