Article publié dans le magazine L’Expertise – Décembre 2020
Quand l’armée vient prêter main-forte dans un CHSLD, c’est que des professionnels du ministère de la Sécurité publique (MSP) veillent au grain, avec leurs partenaires, pour répondre le mieux possible à la crise. Parmi ceux-ci, on retrouve Maude Émilie Lapointe, conseillère en sécurité civile.
Son travail est essentiellement un rôle de facilitatrice. « Mon équipe et moi assurons le partage d’information et la coordination entre les différents intervenants comme les autres ministères, les municipalités et des organismes comme la Croix-Rouge, par exemple, illustre Mme Lapointe. Le centre national de coordination gouvernementale où j’œuvre est une sorte de carrefour d’information où nous traitons plusieurs enjeux et où nous mettons en adéquation les besoins et les ressources. Je m’assure aussi de la transmission d‘informations vers les partenaires et les autorités afin de les aider dans leur prise décisions. Je dois fournir conseil et expertise de façon rapide et efficace tout en laissant leur autonomie à nos partenaires. »
Cette opération aux mécanismes bien huilés est possible grâce à une planification minutieuse en « temps de paix ». « Nous travaillons dans l’ombre, derrière la machine, pour que la réponse gouvernementale à la crise soit cohérente et adéquate, note-t-elle. La coordination est importante parce que lorsqu’une situation d’urgence survient, il n’y a pas vraiment de place à l’erreur. Mais évidemment, malgré la planification, les mesures et les plans, il y a toujours une part d’imprévu et il faut faire preuve de créativité. »
COVID : la crise différente
Arrivée au ministère comme stagiaire dans le cadre de ses études en gestion des risques majeurs, elle a occupé différentes fonctions dans l’organisation avant de devenir conseillère en sécurité civile à la Direction des opérations, en avril 2017. Les crises, elle connaît. Elle a notamment participé aux opérations lors des inondations exceptionnelles en Montérégie en 2011 et à la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013.
La pandémie de coronavirus (COVID-19) est toutefois une crise particulière qui a forcé un changement des méthodes de travail. « Normalement, nous réunissons nos partenaires au centre de coordination pour être plus efficaces, explique Mme Lapointe. Ce n’était pas possible dans ce cas-ci. Il a fallu réfléchir aux risques de propagation à l’interne. Dans l’urgence, on ne prend pas le temps de désinfecter le téléphone, normalement. Il a fallu s’habituer à prendre juste le nôtre, par exemple. »
Ainsi, les bureaux ont été réaménagés pour permettre une meilleure distanciation et les rencontres avec les partenaires se font à distance. Son équipe a aussi été scindée et deux groupes travaillent en alternance pour éviter que tous tombent malades en même temps.
Protéger la population
Dans cette crise comme dans toutes les autres, le premier objectif de Mme Lapointe et de ses collègues est de protéger la population. « Quand on voit la portée concrète de ce qu’on fait, lorsque l’aide arrive aux citoyens, qu’on allège la souffrance de la population, c’est très gratifiant et motivant », témoigne-t-elle.
Il va sans dire que son travail lui fournit aussi une bonne dose d’adrénaline. « J’aime l’action, la pression, les défis. Mon cerveau roule alors à cent miles à l’heure, image-t-elle. Il faut ajuster la recette à chaque situation, c’est stimulant. »
En plus d’intervenir dans les différentes catastrophes qui peuvent survenir, elle contribue aussi à la recherche et sauvetage de personnes en forêt et bientôt en milieu urbain, aux alertes au public (celles à la télé, la radio et sur les cellulaires) dont les alertes Amber.
La planification occupe évidemment une grande partie de son temps « hors crise ». « La mobilisation des intervenants est alors un enjeu parce que la prévention, ce n’est pas ce qui est le plus vendeur, constate-t-elle. C’est rarement en haut de la liste de priorités. Mais quand la crise survient, on se retrouve subitement en haut de la pile. »