Biais cognitifs inconscients – Et si vous en preniez conscience?

Article publié dans le magazine L’Expertise – Juin 2021
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Émilie Beauchesne, conseillère à la vie syndicale
et
Janie Beaupré Quenneville, conseillère à la vie syndicale

 

Vous croyez n’avoir aucun préjugé, mais est-ce bien le cas ? Se pourrait-il que, malgré votre ouverture d’esprit, vous ayez certaines idées préconçues bien malgré vous ? Vous poser la question est le premier pas pour prendre conscience de vos biais cognitifs inconscients.

 

UN BIAIS QUOI ?

Un biais cognitif inconscient est un mécanisme créé par votre cerveau pour faire des raccourcis et pour amalgamer des don­nées afin que vous puissiez vaquer plus facilement à vos tâches quotidiennes. C’est un ancien mécanisme cognitif de survie. Si le cerveau des femmes et hommes des cavernes avait traité de la même manière la présence des mammouths et celle des écureuils, l’espèce humaine n’aurait pas survécu. Or, si les mammouths sont disparus, les biais cognitifs inconscients, eux, demeurent.

Un biais inconscient est une idée erronée basée sur quelque chose d’observable, comme l’âge, le sexe, le genre, etc. Il existe plus de 200 biais cognitifs. Parmi ceux-ci, il y a les biais d’affinité (ressemblance), de confirmation, de personnalité, de raisonne­ment, de halo, etc.

Malheureusement, s’ils vous permettent de gagner du temps, ils ont des impacts concrets sur certaines personnes, dont les groupes marginalisés.

 

LES IMPACTS NÉGATIFS

Les impacts sont multiples puisque les biais cognitifs influencent les individus dans leurs prises de décisions. D’un point de vue professionnel, ces décisions peuvent avoir des répercussions lors d’un processus d’embauche. Par exemple, le biais d’affinité vous amène à vous identifier à une personne qui vous ressemble. Ainsi, un employeur aura tendance à sélec­tionner une personne à qui il s’identifie. Cela a des impacts directs sur l’inclusion et sur la diversité du personnel, mais aussi sur plusieurs autres éléments : le revenu, la qualité des services, les relations interpersonnelles, l’estime de soi, l’avan­cement professionnel, etc.

Un autre exemple dramatique et concret des impacts des biais inconscients est l’expérience menée par Kenneth et Mamie Clark en 1947. Dans le cadre de cette expérience, les chercheurs ont offert à de jeunes Afro-Américains âgés de trois à sept ans des pou­pées à la peau noire ou blanche. Les enfants recevaient des consignes comme « donne-moi la poupée avec laquelle tu aimerais jouer, la poupée que tu préfères ; donne-moi la poupée qui est une gentille poupée ; donne-moi la poupée qui est moche », etc.

À l’époque, les résultats ont été saisissants. À forte majorité, les enfants jouaient avec la poupée blanche et la trouvaient gentille et plus belle. Cette étude a donc démontré que, dès le plus jeune âge, ces enfants souffrent d’un sentiment d’infériorité. En 2010, cette étude a été menée à nouveau et les résultats obtenus étaient les mêmes…

 

ET MAINTENANT, QUE FAIRE ?

Pour contrer vos biais inconscients, apprenez-en plus sur les dif­férents types de biais afin de mieux vous en prémunir. Ensuite, reconnaissez vos limites, élevez votre conscience, éduquez-vous et côtoyez la diversité dans son ensemble.

Les biais cognitifs inconscients sont involontaires : ils sont une construction sociale et mentale. Il est donc du devoir de chacun d’en être conscient et de reconnaître ses limites. Sinon, il y a un réel risque d’influencer votre prise de décisions, d’engendrer des injustices et de miner votre volonté d’inclusion.

Les organisations ont aussi un rôle à jouer, par exemple en adoptant des processus d’embauche rigoureux visant à minimiser l’effet des biais inconscients.

Aussi, en dénonçant les biais inconscients, vous pourrez contri­buer à améliorer vos actions et celles de votre organisation.