Condition féminine – La parité pour une plus grande justice sociale

Article publié dans le magazine L’Expertise – Juin 2021
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Émilie Beauchesne, conseillère à la vie syndicale
et
Janie Beaupré Quenneville, conseillère à la vie syndicale

 

Qu’est-ce que la parité ? En quoi peut-elle être bénéfique pour une organisation ? N’est-elle qu’une parure, comme l’a récemment affirmé un chef politique québécois ? Françoise David, ancienne présidente de la Fédération des femmes du Québec, ex-porte-parole de Québec solidaire et ex-députée de Rosemont–La Petite-Patrie, en a discuté avec les membres du SPGQ dans le cadre des conférences Regards féministes.

 

LA PARITÉ, POUR QUOI FAIRE ?

La parité est un principe politique selon lequel chaque sexe est représenté à égalité dans les institutions. Selon Mme David, elle est nécessaire pour :

  • nommer les réalités vécues par les femmes (on n’est jamais si bien servi que par soi-même) ;
  • être rapidement alerté(e)s au sujet des problèmes que vivent les femmes ;
  • mettre en évidence les discriminations systémiques et les inégalités sociales importantes que vivent encore les femmes.

 

Plus encore, les femmes ont des idées ! Il est donc important, à son avis, d’avoir des femmes dans les organisations et, idéalement, des féministes en position de pouvoir afin d’entendre leurs voix. Sans rôles de pouvoir, les femmes n’ont pas la capacité d’agir sur leur destinée. Évidemment, l’idée est de faire équipe et de travail­ler ensemble pour une plus grande justice sociale. À titre d’exemple, la plus grande fierté de l’ancienne députée est d’avoir fait adopter la Loi modifiant le Code civil afin de protéger les droits des locataires aînés. Un fait rarissime pour un parti d’opposition.

Mme David a précisé qu’au sein de son ancien parti politique, la parité est enchâssée dans les statuts et règlements. En effet, les délégations et comités doivent être paritaires. Ce mode de gouvernance féministe se transpose jusqu’aux candidatures lors des élections.

 

RÉFORMER POUR MIEUX REPRÉSENTER

Déposé en septembre 2019 et adopté en deuxième lecture en octobre 2020, le projet de loi no 39 sur la réforme du mode de scrutin aurait pu entraîner davantage de parité à l’Assemblée nationale, mais il fait du surplace.

En 2018, la représentation des femmes à l’Assemblée nationale a atteint un sommet jamais vu : 41,6 %. Or, cette progression importante n’est pas linéaire. La représentation des femmes a connu des reculs au cours des dernières décennies. Donc, sans obligation législative, rien ne garantit qu’elle se maintienne à ce niveau. Il suffit d’un change­ment de conjoncture pour que tout bascule et qu’on observe des reculs pour les femmes.

Ainsi, la représentation des femmes dans les instances ne sera probablement pas épargnée par la pandémie de COVID-19. Les impacts de la pandémie chez les femmes sont multiples et l’accumulation des obstacles (ex. : le fardeau de la conciliation famille-vie personnelle-travail ou la perte d’un emploi) consti­tuent un frein à leur implication dans les instances.

Il y a actuellement un consensus autour de la parité au sein des groupes intervenant dans le cadre des démarches pour la réforme tant attendue du mode de scrutin. C’est du jamais vu.

Le SPGQ est d’avis qu’il faut reprendre rapidement l’étude du projet de loi no 39 et s’assurer que les dispositions sur la parité soient adoptées une fois pour toutes. À l’heure où la société doit faire des choix pour sortir des crises sanitaire et écolo­gique, les femmes doivent avoir leur voix au chapitre, tout comme les hommes.

 

LA PARITÉ AU SPGQ

Afin d’assurer une représentation équitable des femmes dans les structures décisionnelles et les actions militantes, le SPGQ s’est doté en 1994 d’un programme d’accès à l’égalité (PAÉ). Celui-ci comprend des mesures de redressement accordant temporairement aux femmes des avantages préférentiels et des mesures de soutien afin de favoriser leur intégration dans la structure syndicale.

Que ce soit au moyen de ce programme ou d’articles de ses statuts et règlements réservant des postes aux femmes, le SPGQ vise l’at­teinte de la représentation proportionnelle dans ses instances syn­dicales. En 2020, le membrariat féminin était à 56,5 %, alors que la délégation du Syndicat est composée à 44,2 % de femmes. Des mesures du PAÉ réservent des postes aux femmes dans des groupes de travail (deux postes féminins pour un comité de cinq personnes et un poste féminin pour un comité de trois personnes).

Quant aux statuts et règlements, ils prévoient des postes réser­vés aux femmes au sein du comité exécutif, du comité électoral, de la commission de surveillance, du comité des femmes ainsi que du comité des statuts et règlements. De plus, les sections syndicales ont le devoir d’élire des conseils de section qui tiennent compte de la représentation proportionnelle.

Bien qu’il reste du travail à faire pour l’implication des femmes dans l’ensemble de la structure syndicale, plusieurs plafonds de verre ont été franchis en juin 2019. Le SPGQ peut être fier d’avoir à sa tête le tout premier comité exécutif paritaire mené par une présidente, la deuxième de toute l’histoire du Syndicat, en plus d’une représentation de la diversité cultu­relle, ethnique, sexuelle, d’une personne en situation de han­dicap et de la jeunesse.

 

REPENSER LES INSTITUTIONS

La représentation de la diversité est un enjeu prioritaire en 2021. Que ce soit la représentation des femmes ou de l’ensemble de la diversité, il faut repenser les institutions afin d’inclure tous les groupes qui ont été exclus beaucoup trop longtemps des déci­sions qui les concernent. L’avancée majeure du SPGQ quant à la composition de son comité exécutif est l’occasion d’imprégner sa structure syndicale de cette réalité.