Sondage sur le français au travail : le français est bien en selle

21 janvier 2022

Article publié dans le magazine L’Expertise – Décembre 2021

Par Philippe Desjardins, conseiller aux communications


Sachant que le projet de loi n° 96 Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français était près d’un dépôt, le SPGQ a voulu connaître l’état de situation du français au travail chez ses membres. Voici donc les principaux résultats émanant d’un bref sondage diffusé du 5 au 19 mai 2021.

Les renseignements généraux demandés dans le cadre de ce sondage révèlent qu’environ 60 % de femmes et 40 % d’hommes y ont répondu, pour un total de 4 908 répondantes et répon­dants. De ce nombre, 49 % exercent leur profession à Québec, 26 % à Montréal et 25 % dans d’autres régions. Une majorité (70 %) travaille pour la fonction publique, 20 % sont en poste à Revenu Québec et 10 % sont à l’emploi de 20 autres unités para­publiques accréditées au SPGQ.

Parmi les répondantes et répondants, 86 % ont le français comme langue maternelle, un peu plus de 1 % l’anglais et près de 13 % une langue tierce, les principales étant l’arabe, l’espa­gnol, le roumain, le portugais et le russe.

Protection de la langue française au Québec

Plus spécifiquement sur la situation du français au travail, 58 % ont estimé que la protection de la langue française au Québec constitue un enjeu très important, 31 % l’ont jugé plutôt impor­tant, tandis que 7 % l’ont vu comme peu important, 2 % très peu important et aussi 2 % comme étant pas du tout important. En résumé, 89 % des répondants jugent très important et plutôt important de protéger la langue française au Québec.

Sur cette même question, en filtrant les répondants selon leur langue maternelle, on constate que les francophones consi­dèrent la protection de la langue française au Québec comme un enjeu très important et plutôt important à 90 %, les anglo­phones à 68 % et les allophones à 81 %.

Place du français au travail

À la question sur la place du français à leur travail, 8 % ont perçu une amélioration au cours des 10 dernières années, 18 % ont senti une régression, 68 % ont estimé qu’elle est demeurée iden­tique et 6 % ont dit ne pas savoir.

En filtrant les répondants selon leur langue maternelle, on constate que 6 % des francophones perçoivent une améliora­tion, tandis que les anglophones et les allophones sont respec­tivement 16 % et 18 % à y voir une amélioration.

Les répondantes et répondants des régions périphériques de Montréal comme Laval, la Montérégie et la Mauricie sont plus nombreux à percevoir une régression de la place du français au travail.

Affichage au travail

Le sondage indique que l’affichage au travail se fait toujours en français à 92 %, très souvent à 6 % et souvent à 2 %, ce qui laisse de microscopiques pourcentages aux réponses « rare­ment » et « jamais ».

Communications orales avec l’employeur

Les communications orales avec l’employeur se font à 93 % tou­jours en français, 2 % très souvent en français et 0,50 % souvent en français, ce qui laisse de minuscules pourcentages aux réponses « rarement » et « jamais ».

Communications écrites avec l’employeur

Les communications écrites avec l’employeur se font à 97 % tou­jours en français et 2 % très souvent en français, ce qui laisse de très faibles pourcentages aux réponses « souvent », « rarement » et « jamais ».

Communications avec les collègues de travail

Les communications avec les collègues de travail se font à 90 % toujours en français, 7 % très souvent en français et 2 % souvent en français, ce qui laisse de très minces pourcentages aux réponses « rarement » et « jamais ».

Communications orales externes

Les communications orales externes se font à 51 % toujours en français, 34 % très souvent en français et 13 % souvent en français. Les réponses « rarement » et « jamais » recueillent à peine 2 %.

Communications écrites externes

Les communications écrites externes se font à 53 % toujours en français, 34 % très souvent en français et 11 % souvent en français. Les réponses « rarement » et « jamais » comptent pour à peine 2 %.

Utilisation d’une autre langue que le français au travail

L’utilisation d’une autre langue que le français au travail ne sur­vient jamais à 39 %, un peu (quelques fois par mois) à 44 %, sou­vent (quelques fois par semaine) à 10 % et couramment (tous les jours ou presque) à 7 %.

Pour justifier l’utilisation d’une autre langue que le français au travail, les répondantes et répondants évoquent principalement les situations suivantes (plus d’une réponse était possible) :

  • pour lire des documents, manuels de procédures, logiciels, recherches en ligne (2 508 réponses) ; pour communiquer avec les clients, étudiants, citoyens ou usagers (1 759 réponses) ; pour communiquer avec un employé d’une autre organisation située à l’extérieur du Québec (1 077 réponses) ;
  • pour communiquer avec un acheteur, fournisseur ou sous-traitant (827 réponses) ;
  • pour communiquer avec un employé d’une autre organisation située au Québec (301 réponses) ;
  • pour communiquer avec un collègue de travail (252 réponses) ;
  • pour communiquer avec un supérieur (41 réponses) ;
  • aucune situation (1019 réponses) ;
  • autre situation (323 réponses).

Échange entre collègues au travail dans d’autres langues que le français

À la question « Êtes-vous à l’aise lorsque des collègues échangent entre eux au travail dans d’autres langues que le français ? », 38 % ont répondu non, 32 % ont répondu oui et 30 % ont jugé que la situation ne s’applique pas à eux.

Respect du droit de travailler en français

À la question « Votre droit de travailler en français est-il respecté ? », 97 % ont répondu oui et 3 % ont répondu non.

Témoin d’une situation où le droit de travailler en français n’était pas respecté

À la question « Dans le cadre de votre travail, avez-vous déjà été témoin d’une situation où le droit de travailler en français n’était pas respecté ? », 92 % ont répondu oui et 8 % ont répondu non.

Parmi les répondantes et répondants ayant répondu oui à cette question, 32 % disent avoir dénoncé la situation et 68 % ne pas l’avoir dénoncée.

Parmi les 129 répondantes et répondants ayant dénoncé la situation, 43 disent l’avoir fait auprès d’un collègue, 103 à leur employeur, 13 à leur syndicat et 4 à l’Office québécois de la langue française (OQLF).

De ces 129 répondantes et répondants, 64 % indiquent que cette intervention n’a pas permis de régler la situation, 16 % qu’elle a permis de la régler et 20 % qu’ils ne savent pas.

Exigence du bilinguisme ou de la connaissance d’une langue tierce

À la question « Le poste que vous occupez présentement exige-t-il le bilinguisme ou la connaissance d’une langue tierce ? », 80 % disent non et 20 % disent oui.

Les répondantes et répondants ayant répondu oui à la précédente question estiment à 51 % que cette exigence est justifiée, contre 49 % qui croient qu’elle ne l’est pas.

PRINCIPAUX CONSTATS

  • Tant pour l’affichage que les communications écrites et orales au travail avec l’employeur, de même que pour les communications écrites externes et les communications orales externes, une très forte majorité de répondantes et répondants estiment que le français est bien en selle.
  • Toutefois, 17 % d’entre eux disent utiliser une autre langue que le français au travail souvent (quelques fois par semaine) et couramment (tous les jours ou presque). Plusieurs situations justifient cet usage.
  • Près de 1 répondant sur 3 se dit mal à l’aise lorsque ses collègues échangent entre eux dans une autre langue que le français au travail.
  • Près du quart des répondants juge que la situation du français au Québec a régressé.
  • Près de 1 répondant sur 10 dit avoir déjà été témoin d’une situation où le droit de travailler en français n’était pas respecté. L’OQLF ne semble pas une voie privilégiée par la majorité pour dénoncer ce genre de situation.
  • Parmi les répondantes et répondants, 20 % disent que leur poste requiert le bilinguisme. Près de la moitié estime que cette exigence n’est pas justifiée.