Syndicats et environnement – Une place à prendre

Article publié dans le magazine L’Expertise – Décembre 2021

Par Isabelle Darisse, conseillère aux instances, à la gouvernance et à la documentation


L’engagement des syndicats dans la cause environnementale polarise. Chaque action suscite des réactions positives et négatives. En quoi l’environnement a-t-il des impacts sur les emplois, sur les conditions de travail ? Est-ce aux syndicats de militer pour protéger l’environnement ? Ce sont d’excellentes questions. Et les réponses semblent tout aussi évidentes pour le SPGQ.

À titre d’exemple, les inondations et les sécheresses ont des impacts sur l’agriculture, sur la production agricole, sur le coût de la vie, sur la santé et, donc, sur l’absentéisme et sur la valeur des salaires. Ainsi, la qualité de vie dépend du respect de l’environnement.

Si le gouvernement ne fait rien, chaque citoyen et chaque employé en subira les conséquences. Les syndicats ont un devoir social, une influence à utiliser. La mission de l’État – et donc de ses employé.e.s – est de protéger et de servir sa popu­lation. Pour travailler et mieux vivre, il faut une planète saine pour ses habitants et habitantes.

Le 27 septembre 2019, une grande manifestation pour le climat a réuni plus de 500 000 personnes pour exhorter les gouverne­ments à en faire plus pour l’environnement. Cette journée a été également un grand modèle de mobilisation dans les milieux de travail pour une affirmation globale et une volonté de change­ment. Le SPGQ en fait partie. Or, comment s’articule ce dossier au Syndicat et quelles sont ses actions ?

Relance juste

Depuis maintenant plusieurs mois, les grandes organisations syndicales québécoises et des organisations de la société civile ont uni leurs efforts et ont commencé à échanger sur les prin­cipes d’une relance juste.

Qu’est-ce que la relance juste ? C’est avant tout une demande de la société civile pour éviter que les efforts de relance servent à consolider les activités économiques traditionnelles et les sys­tèmes nuisibles aux conditions de vie sur la planète. Elle veut également éviter de les remplacer par d’autres activités ou sys­tèmes fondés sur la dégradation de la nature ou sur l’exploita­tion de la population. A contrario, cette relance doit servir à accélérer une transition vers une économie viable.

Six grands principes essentiels doivent guider la création, la mise en œuvre et l’évaluation des plans de relance des gouvernements :

  1. Donner la priorité à la santé et au bien-être des popula­tions, sans exception ;
  2. Renforcer le filet social et fournir de l’aide à la population ;
  3. Donner la priorité aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’à leurs communautés ;
  4. Renforcer la résilience pour prévenir de futures crises ;
  5. Renforcer la solidarité et l’équité entre les communautés et les générations au-delà des frontières ;
  6. Respecter les droits des peuples autochtones et travailler en partenariat avec eux.

« Ces six principes représentent à la fois un cri d’alarme, un cri d’espoir et un appel à l’action », explique Eddy Pérez du Réseau Action Climat Canada. Et ils sont le fruit d’une grande concerta­tion entre tous les acteurs et actrices de la société civile québé­coise et canadienne, dont les syndicats.

Réseau intersyndical pour le climat

Depuis le mois de mars 2021, les principales organisations syn­dicales québécoises se sont réunies afin de fonder le Réseau intersyndical pour le climat (RIC). Ses membres sont :

  • la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ;
  • l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ;
  • la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ;
  • la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ;
  • la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ;
  • la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ;
  • la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ;
  • le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) ;
  • le Syndicat de professionnelles et professionnels du gou­vernement du Québec (SPGQ).

Sous la coordination de la FTQ, cette organisation vise à bâtir une communauté intersyndicale afin d’échanger sur différents enjeux en matière d’environnement.

Certaines organisations syndicales ont commencé à joindre des dispositions environnementales dans les conventions collec­tives. D’autres offrent des formations plus poussées pour les personnes déléguées, notamment sur le rôle des personnes travailleuses dans la protection de l’environnement. Le RIC a également organisé au printemps des conférences sur différents thèmes : la crise sanitaire et la crise climatique, les impacts des changements climatiques sur les politiques et les services publics, le déploiement de la transition juste au Québec et les impacts des changements climatiques sur le milieu de travail. Ces sujets ont été abordés collectivement et il a été possible, pour des membres de chacune des organisations, d’échanger sur leur réalité, sur leurs craintes, mais surtout sur leurs espoirs.

Le RIC souhaite devenir, pour le gouvernement, un acteur incon­tournable pour la question environnementale, tout comme certains groupes citoyens, tellement bien mobilisés, sont deve­nus des acteurs de changement social importants en la matière. Les travailleuses et travailleurs du Québec ont un mot à dire sur les prochains engagements en matière d’environnement et le RIC tient à être présent afin de faire valoir les espoirs et droits de ses membres.

Sur tous les fronts

Le SPGQ est également membre de la première heure du Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ). Cet organisme a pour mission de regrouper des organisations qui contribuent à l’élaboration collective et à la mise en oeuvre d’une transition énergétique structurante et porteuse de justice sociale. Plus précisément, le FCTÉ travaille à mettre en place la feuille de route Zéro émission nette (ZéN), un vaste plan d’action touchant tous les secteurs de la société. L’organisation a mis en place les collectivités ZéN, un vaste chantier de société mettant à profit le rassemblement des acteurs clés de tous les secteurs, dans les collectivités participantes, autour d’une démarche inclusive de transition conçue par et pour le territoire.

Obtenant un soutien structurant de plusieurs partenaires, dont la Caisse d’économie solidaire, la Fondation Lucie et André Cha­gnon, la Fondation familiale Trottier et la Fondation Béati, le projet de collectivité ZéN permettra, à terme, de mettre en place des lieux d’échange et d’appropriation de la transition juste, à l’échelle du Québec.

Pour protéger demain

Une chose est certaine, il est passé le temps où le SPGQ pouvait détourner le regard des enjeux environnementaux. Cette tran­sition juste permettra, à terme, de conserver de bons emplois dans d’excellentes conditions, sans endommager l’environne­ment. C’est un enjeu de négociation, de défense des droits des membres et de valorisation des professions. Donc, un mandat syndical à exercer et à faire connaître. Il ne s’agit pas ici d’une mode, mais d’une nécessité. Nous sommes tous des acteurs et actrices de changement social. L’expérience et la fougue de la jeunesse doivent s’unir pour protéger demain.

Pour aller plus loin dans la réflexion :