Congrès 2022 – Entrevue avec Christian Vanasse, animateur, humoriste, cynique… et résistant!

Compte rendu du Congrès 2022

Entrevue publiée dans le magazine L’Expertise – Juin 2022
Par Philippe Desjardins, conseiller aux communications


Christian Vanasse, humoriste et improvisateur, a très habilement endossé les rôles d’animateur et de maître de cérémonie lors du congrès en avril. Quand j’ai été désigné pour réaliser une entrevue avec lui, une collègue a pris soin de me formuler la mise en garde suivante : « Tu vas voir, il est vraiment smatte ! » Après l’entretien, j’ai estimé que ma collègue s’était complètement fourvoyée, car Christian est plutôt… vraiment très très smatte !

Entrevue :

Quand le SPGQ t’a approché pour réaliser l’animation de son congrès, quelle a été ta première réaction ?

« Ma première réaction a été de dire : « Pas question ! » Mais quand on m’a dit qu’on allait me payer, alors là, j’ai dit oui ! Blague à part, j’ai toujours travaillé à animer des évènements pour des syndicats et pour des groupes communautaires. Je proviens d’un milieu ouvrier et j’ai été élevé sur une ferme, ce qui m’a permis de comprendre très tôt le rapport de force inégal qui existe dans la société et le fait que beaucoup de gens vivent de l’injustice.

Je me suis familiarisé assez jeune avec l’humour qui dépeint la réalité sociale, avec des artistes comme Yvon Deschamps et Clémence DesRochers. Je suis convaincu que l’humour peut servir à faire de l’éducation sociale. Ça peut contribuer à donner l’image à l’oppressé de ne plus l’être. J’aime beaucoup cette dynamique dans l’humour. Selon moi, le mouvement syndical est le seul moyen de se défendre contre tout. Il n’y a pas de résultat sans lutte. »

Christian Vanasse

Comment t’es-tu préparé pour animer ce congrès ?

« Le SPGQ m’a approché avant la pandémie. Nous avons plusieurs fois échangé sur la réalité syndicale des professionnelles et professionnels, ce qui m’a permis de broder sur le sujet. L’humoriste américain Bob Hope se renseignait toujours sur son auditoire pour connaître ce qui l’animait, le préoccupait. Je me fais donc un devoir de parler de la réalité des gens qui viennent me voir. Selon moi, le devoir de l’humoriste est de rendre les choses accessibles. Pour parler à des gens syndiqués, je trouvais important d’utiliser des référents que nous pouvions partager afin de traduire leurs préoccupations. »

Durant les quelques jours passés au congrès, qu’as-tu découvert ou remarqué à propos du personnel professionnel ?

« Durant le congrès, certaines personnes m’ont dit être victimes d’agressions verbales de la part de certains usagers qui ont parfois la mèche courte. Aussi, je ne me rendais pas compte que les ministères et organismes de l’État québécois servaient parfois de club-école pour d’autres administrations. Avec la pandémie, on parle fréquemment de l’anxiété chez les jeunes, mais on parle beaucoup moins des professionnels et des enseignants qui composent avec une multitude de jeunes anxieux. Et ceux qui produisent et surveillent la qualité de nos aliments, on devrait davantage se soucier de leurs conditions de travail. Je trouve impensable de laisser les patrons faire ce qu’ils veulent. »

Tu as soutenu de nombreuses manifestations pour la défense des droits (syndicaux, étudiants, féministes, environnementaux, etc.). Si tu n’avais pas été auteur et comédien, aurais-tu pu être syndicaliste ou politicien ?

« J’ai déjà pensé faire le saut en politique. J’ai d’ailleurs été conseiller municipal, mais je trouve que la politique est un travail difficile. Dans ma petite ville, mon rôle de conseiller était un travail de proximité. Il n’était pas rare qu’un agriculteur stationne son tracteur dans mon entrée pour me parler de sa réalité. Avec les médias sociaux, tu peux te retrouver facilement avec 300 personnes qui souhaitent ta mort, alors que les personnes en politique sont des gens normaux qui ont des enfants. Cette part d’ombre, je la trouve troublante. »

Si tu avais un souhait ou un vœu à exprimer aux professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, lequel ferais-tu ?

« Je leur souhaiterais qu’ils puissent obtenir beaucoup plus de reconnaissance de la part du public. Je trouve important de les soutenir. Pour moi, les employées et employés de l’État sont une richesse au même titre que l’hydroélectricité. »« »Je leur souhaiterais qu’ils puissent obtenir beaucoup plus de reconnaissance de la part du public. Je trouve important de les soutenir. Pour moi, les employées et employés de l’État sont une richesse au même titre que l’hydroélectricité. »

Pour conclure

Au bénéfice des membres qui n’ont pas pu assister au congrès, voici un trait d’humour de Christian qui a bien déridé les personnes participantes : « Durant la pandémie, vous avez travaillé fort en mou. Avec le retour dans les bureaux, vous allez travailler mou en dur ! »