Compte rendu du Congrès 2022
Article publié dans le magazine L’Expertise – Juin 2022
Par Benoît Laliberté, conseiller aux relations du travail et à la négociation
On dit toujours que les actions individuelles ne peuvent à elles seules avoir des impacts, si la collectivité ne change pas ses comportements. Essayez de dormir dans une tente avec un moustique : vous allez comprendre que même la plus petite bestiole peut parfois changer le cours des évènements !
Deux invités à notre congrès ont tenté de mettre la main à la pâte par des actions individuelles qui se sont répercutées sur des actions collectives ou, à tout le moins, par des prises de conscience collectives au sujet des changements climatiques et des actes répréhensibles : Catherine Gauthier et Louis Robert. Bref retour sur leur présentation au congrès.
Une action individuelle pour contrer les changements climatiques
L’Environnement avec un grand « E » est un sujet chaud – et ce n’est pas un jeu de mots. En effet, il a fait couler beaucoup d’encre depuis le premier rapport commandé en 1970 par le club de Rome[1]. Or, peu ou pas d’actions politiques d’envergure ont été faites pour stopper les changements climatiques.
Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse depuis 2016, a évoqué devant les participants son parcours et son action individuelle. En novembre 2018, elle a lancé la première action collective au monde pour dénoncer l’inaction du Canada dans la lutte contre les changements climatiques.
Dès 2005, à 16 ans, elle s’est adressée aux quelque 10 000 personnes déléguées de la 11e Conférence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en tant que membre de la délégation du gouvernement du Canada. Invitée à prononcer un discours à l’assemblée générale de l’ONU deux ans plus tard, elle a pris part à plusieurs conférences à travers le monde. Elle a d’ailleurs coordonné les travaux du Groupe de travail jeunesse pour l’élaboration du Plan pour une économie verte du Québec 2030.
Sa réflexion a touché les personnes déléguées réunies autour de la table en ce qui concerne la réduction de son temps de travail. « Non pas pour écouter Netflix, dit-elle, mais pour prendre une pause afin de m’informer et de m’outiller sur les gestes que chaque individu peut poser individuellement pour modifier son comportement afin de réduire les changements climatiques. »
Un lanceur d’alerte courageux
Louis Robert a quant à lui partagé avec les personnes déléguées son expérience et son rôle au sein du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) en matière d’environnement, mais surtout sa projection sur le devant de la scène médiatique, et ce, bien malgré lui.
Après 32 ans de service, pratiquement dans l’ombre au sein du MAPAQ, il a été congédié en janvier 2019 pour avoir transmis à des journalistes des informations faisant état de l’ingérence du secteur privé et d’intimidation au Centre de recherche sur les grains (CEROM), un organisme financé majoritairement par le Ministère. La médiatisation de la cause de ce lanceur d’alerte a fait couler beaucoup d’encre et a suscité la sympathie du public. Le MAPAQ n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière et de le réintégrer dans ses fonctions.
Bien que l’heure de la retraite ait sonnée pour M. Robert, son message à la délégation venue l’entendre est clair : « Vous ne devez pas craindre de divulguer pour l’intérêt public des actes répréhensibles à l’égard des organismes publics. » Il rappelle qu’il faut bien prendre connaissance des dispositions de la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics et s’y conformer.
D’ailleurs, il est important pour nos membres de prendre contact avec le Syndicat pour que nous puissions vous accompagner et vous diriger dans le processus de divulgation.
Propositions
Après avoir écouté attentivement les deux invités et délibéré entre eux, les membres de la délégation ont voté pour que le SPGQ prenne les orientations suivantes dans l’affirmation et dans la défense de vos droits :
1. Que le SPGQ s’affirme comme acteur exemplaire dans la mise en œuvre de moyens ambitieux pour protéger l’environnement à travers ses actions, notamment :
- Analyser les impacts de la réduction du temps de travail sur l’environnement ;
- – Accélérer le virage électronique et analyser le volet écocitoyenneté par rapport aux impacts sur la qualité de vie en se concertant avec l’employeur ;
- – Encourager l’utilisation des transports collectifs ou alternatifs lors d’activités syndicales (incitatifs).
2. Que le SPGQ mette en lumière l’importance des services publics afin de prévenir les bouleversements climatiques et d’y réagir, notamment :
- Mettre en place une politique qui assure l’indépendance intellectuelle des professionnelles et professionnels agissant de près ou de loin dans le domaine de l’environnement, en concertation avec l’employeur ;
- Mettre en place un comité sur l’environnement.
Chaque membre peut, à la hauteur de son engagement, changer le monde !
[1] « Groupe de réflexion [OBNL] réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 52 pays, préoccupés par des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement. » (Wikipédia)
Vidéo de l’atelier
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