Forum de discussion sur le télétravail – Participation et engagement inadéquats du SCT, selon le SPGQ

Dernière Heure | Tous les membres du SPGQ – Volume 5 no 2 – 20 septembre 2022

Vous vous souvenez que, dans le cadre du renouvellement de la convention collective du personnel professionnel de la fonction publique (signée en novembre 2021), le gouvernement s’était engagé à créer un forum de discussion sur le télétravail. Si le SPGQ ne peut nier que le gouvernement a bel et bien mis sur pied le forum, rien cependant ne permet d’affirmer que sa participation et son engagement sont, jusqu’ici, à la hauteur des espérances du syndicat.

Rappelons qu’avec ce forum, le gouvernement souhaitait identifier les dispositions de la convention collective 2020-2023 qui pourraient poser des difficultés d’application ou d’interprétation, et ce, en raison du fait qu’elles ne seraient pas nécessairement adaptées au contexte de télétravail. Comme l’employeur avait refusé de négocier les modalités entourant le télétravail, le SPGQ souhaitait que le forum permette d’échanger et de résoudre les principales problématiques et irritants.

Écoute passive et réponses évasives

Depuis janvier 2022, pas moins de six rencontres ont eu lieu entre trois représentantes du Secrétariat du Conseil du trésor (SCT), toutes conseillères en relation du travail, et trois conseillères du SPGQ. À ce stade, impossible de parler de résultats tangibles. Et de là à prêter l’intention au gouvernement d’avoir accouché d’une coquille vide sur un sujet pourtant brûlant, il n’y a qu’un pas qu’il n’est malheureusement pas interdit de franchir.   

Les conseillères du SPGQ ont participé à ces rencontres avec le souci de préciser le mandat du forum, d’établir un plan de travail et un calendrier de travail productif. Soigneusement préparées, elles avaient des questions précises pour le SCT et des arguments démontrant la nécessité d’assouplir ou de baliser autrement les limites au télétravail. Tout ça et plus encore. Mais, pour l’essentiel, nos conseillères se sont butées à une écoute passive et à des réponses évasives, parfois même déconcertantes. Le SCT refusait d’aborder et encore moins de modifier la politique-cadre en matière de télétravail, malgré les grandes insatisfactions du personnel professionnel.

Quelques exemples illustrant la vacuité des échanges

À la question du SPGQ « quelles sont les orientations actuelles lors de maladie non invalidante, mais contagieuse? » La réponse du SCT a été « on n’est pas rendu là, mais il est important d’appliquer les dispositions de la convention pour se montrer équitable. Ainsi, il n’est pas possible de modifier sa journée de présence au bureau : la personne devra se présenter au bureau avec un masque ou prendre un congé maladie ». Après deux ans de télétravail obligatoire, période ayant démontré que les personnes professionnelles peuvent très bien réaliser leur prestation de travail à la maison, le SPGQ estime cette position inadéquate, mettant inutilement à risque le personnel professionnel.

Aussi, quand le SPGQ mentionne que le manque de souplesse de la politique-cadre en matière de télétravail crée des situations problématiques et que les membres estiment que plusieurs éléments s’avèrent illogiques ou absurdes, le SCT lui répond systématiquement qu’il faut faire vivre la politique-cadre et que celle-ci sera révisée dans deux ans. Selon le SCT, lorsque rien ne documente une problématique de leur côté, rien n’indique l’existence d’un problème. Le SPGQ a pourtant documenté les difficultés, les irritants et les frustrations des membres du syndicat concernant la politique-cadre.

Le SPGQ songe à quitter le forum, sans abandonner le télétravail

Face à de telles inepties, le SPGQ a maintes fois songé à claquer la porte du forum sur le télétravail. Il a toutefois choisi d’exprimer son insatisfaction et de laisser une dernière chance au SCT. Le SPGQ s’attend à ce qu’il fasse preuve d’intégrité en reconnaissant certaines problématiques par la mise en place de solutions négociées. La prochaine rencontre prévue à la fin du mois d’octobre indiquera si le forum n’aura été qu’une coquille vide ou une réelle volonté de collaborer avec le syndicat.

Quelle que soit l’issue du forum, le SPGQ n’entend pas abandonner l’enjeu du télétravail, d’autant qu’une intense période de négociation est à nos portes en vue de renouveler plusieurs conventions collectives, dont celles de la fonction publique, de Revenu Québec et du secteur culturel.

Dans ce contexte, le SPGQ bataillera ferme pour promouvoir l’autonomie professionnelle de ses membres et faire préciser les différentes conditions de télétravail comme l’utilisation du matériel de l’employeur et le droit à la déconnexion. En outre, le SPGQ exigera que le tout soit enchâssé dans la prochaine convention collective de ses membres.

Le télétravail, ça se négocie !

Le SPGQ l’a déjà exprimé, mais il le réitérera au cours des prochains mois. Avec la pandémie, le monde du travail a changé. Plutôt que de tout bousculer arbitrairement sans dialogue avec ses partenaires, le gouvernement du Québec doit s’adapter aux nouvelles réalités du travail, surtout s’il veut répondre adéquatement aux grands défis que sont la pénurie de main-d’œuvre et les difficultés d’attraction et de rétention de personnes employées compétentes. Le SPGQ entend d’ailleurs être bien présent pour lui rappeler qu’on ne change pas les conditions de travail ou de télétravail sans négocier avec lui.

Guillaume Bouvrette
Troisième vice-président et responsable politique