La biodiversité en quelques données

Par Philippe Daneau

Les données scientifiques sont vitales afin de parvenir à des ententes sur les pertes et sur les objectifs de restauration de la biodiversité. Ainsi, les scientifiques ont obtenu une tribune dans le cadre du forum scientifique-politique organisé par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) les 11 et 12 décembre 2022 dans le cadre de la 15e Conférence des parties (COP15) à Montréal.

Quelques données

Voici quelques données percutantes réunies par le Service de la recherche du SPGQ lors de l’évènement :

  • 69 % : Diminution moyenne des populations mondiales d’animaux sauvages entre    1970 et 2018
  • 1 million : Espèces animales et végétales menacées d’extinction (sur 8 millions)
  • 300 millions : Personnes menacées par des inondations en raison de la diminution des habitats côtiers et des récifs coralliens. En comparaison avec les personnes nées en 1960, celles nées en 2020 ont deux fois plus de risques de vivre une inondation ou un feu de forêt au cours de leur existence.
  • 20 % : Apport protéinique fourni à environ 3 milliards de personnes par les poissons
  • +80 % : Alimentation des êtres humains assurée par des plantes
  • ±80 % : Habitants des zones rurales des pays en développement ayant recours aux médicaments traditionnels à base de plantes pour les soins de base
  • Majorité : Surface terrestre et milieux marins altérés par l’activité humaine.

Quelques objectifs

Ainsi, les pays qui participent à la COP15 se sont entendus sur 22 objectifs pour sauvegarder la biodiversité.

Parmi ces cibles, on retrouve :

  • assurer la protection de 30 % des territoires terrestres et marins d’ici 2030;
  • réduire de moitié l’utilisation des pesticides;
  • restaurer de 20 % à 30 % des terres dégradées;
  • assurer une gestion durable des terres agricoles.

Biodiversité : trois scénarios

À l’aune des données présentées, il appert que l’heure est très grave en matière de préservation de la biodiversité. Les changements climatiques contribuent à son déclin. D’autres phénomènes ont également des impacts, comme la déforestation et la surconsommation de calories animales, laquelle génère une consommation énergétique élevée.

Plusieurs scénarios de l’évolution de la biodiversité sont possibles, selon la nature des actions entreprises par l’humanité. De 1970 à 2010, on a constaté une baisse de la biodiversité. Pour la période 2010 à 2100, voici trois scénarios :

  1. Aucune action n’est entreprise (business as usual). On constate une baisse considérable de la biodiversité générant potentiellement des impacts négatifs, voire catastrophiques pour l’humanité.
  2. Les gouvernements intensifient les efforts de restauration, de conservation et de protection des territoires. On observe une diminution inquiétante de la biodiversité jusqu’en 2050, puis une relative stabilité.
  3. En plus des efforts de conservation, d’autres actions sont entreprises, comme des efforts de production et de consommation durables de produits agricoles. La biodiversité pourrait, dès 2050, commencer à se reconstituer et à croître.

Le dernier scénario nécessite un changement de paradigme des modes de production et de consommation. Par exemple : réduire la consommation de calories animales, consommer des produits agricoles issus des communautés locales, réduire l’utilisation de pesticides néfastes pour la biodiversité, etc. Les scientifiques insistent sur la nécessité de réaliser des efforts conjoints pour générer une amélioration significative.

Évidemment, plusieurs actions en dehors du monde agricole sont également nécessaires pour assurer le meilleur développement possible de la biodiversité. Par exemple : développer des habitats urbains écosystémiques, réduire la pollution par le plastique, intensifier le transport en commun, etc. Il va sans dire que la stabilisation du climat est nécessaire à la reconstitution de la biodiversité.

En somme, en matière de biodiversité, la situation est critique, mais il n’est pas trop tard pour agir.

Source : Figure présentée lors de la COP15 à Montréal (tirée de Leclère et collab., 2020)

Consultez le dossier complet : Biodiversité et climat


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