Info-Négo : Négociation fonction publique – Volume 7 no 12 – 25 mai 2023
Le 18 mai, lors d’une rencontre avec les représentants du Conseil du trésor, votre comité de négociation a abordé la proposition du gouvernement de hausser, d’un coup, de 30 % la rémunération des élus de l’Assemblée nationale. Il a aussi discuté de la hausse de salaire de 71 000 $ en un an consentie au chef de cabinet du premier ministre, Martin Koskinen, ainsi qu’aux chefs de cabinet de plusieurs ministres et de la majoration du traitement des sous- ministres qui, pour certains, a fait un bond spectaculaire de plus de 27 % dans la dernière année.
Cette inflation des salaires laisse croire à votre comité que l’offre actuelle de hausser de 9 % en 5 ans le traitement du personnel professionnel de la fonction publique est d’une vulgarité sans nom. L’argument de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, comme quoi elle veut assurer aux salariés de l’État des « conditions avantageuses, justes et équitables », tout en tenant compte de la « saine gestion des finances publiques », est une véritable farce au regard des augmentations (consenties ou à venir) des députés, des sous-ministres et du personnel politique. Difficile d’évoquer un fossé entre le personnel professionnel et les autres quand le tout a désormais l’apparence d’un énorme gouffre…
Quoi qu’il en soit, votre comité a réitéré que les personnes professionnelles sont tout aussi importantes que les sous-ministres et les élus. À ce titre, elles méritent davantage de respect. Leur offrir 9 % en 5 ans accentue l’effet « claque au visage », sans oublier que le personnel professionnel peut actuellement changer d’emploi en un claquement de doigts; il peut obtenir sans trop de difficulté une hausse de salaire de 20 à 30 % en postulant un poste dans les administrations municipales, les universités, le gouvernement fédéral et les entreprises privées. La pénurie de main-d’œuvre, ça vous dit quelque chose, Mme LeBel ?
Télétravail : embauche d’un expert des HEC pour évaluer la performance
Par ailleurs, votre syndicat a démontré de l’irritation sur la question du télétravail lors d’une rencontre sur le sujet tenue le 17 mai. Les représentants de l’employeur ont discuté de la politique-cadre sur le télétravail en rappelant qu’une réévaluation était prévue en 2024. Un professeur des hautes études commerciales (HEC) de Montréal a été engagé par le gouvernement pour procéder à l’évaluation de la performance du télétravail en mode hybride.
Le SPGQ a réitéré la nécessité de le consulter pour améliorer la politique-cadre sur le télétravail, tout comme l’importance d’enchâsser dans la convention collective les modifications aux conditions de travail induites par le télétravail. Le syndicat juge irrespectueux qu’un expert ait été embauché sans qu’il soit consulté.
Tout comme il l’avait fait pour le forum de discussion sur le télétravail, le SPGQ déplore que le gouvernement s’entête à user de mesures dilatoires pour éviter de reconnaître les problématiques du télétravail, mode de travail qui n’est pas sans conséquence pour la qualité de vie et pour la santé des expertes et experts de l’État.
Intensification des négociations cet été : le SPGQ répond à Sonia LeBel
En parallèle, le SPGQ a réagi à une lettre reçue de Sonia LeBel le 15 mai dans laquelle elle demande au syndicat d’intensifier les négociations durant la période estivale. À cette demande, le SPGQ a répondu que, depuis le début de l’année dans le cadre de la présente négociation, ses négociateurs posent certaines questions sur les demandes patronales qui demeurent sans réponse. De plus, les représentants de Mme LeBel font preuve de peu d’ouverture envers différents enjeux comme le télétravail figurant dans le cahier de demandes syndicales du personnel professionnel de la fonction publique.
Si Mme LeBel veut la collaboration du SPGQ pour intensifier les négociations cet été, le SPGQ lui demande de transmettre un message limpide à ses porte-paroles : ils doivent faire preuve d’ouverture aux demandes de nos membres. Actuellement, le mandat des représentants de Mme LeBel ne permet pas de répondre aux attentes de nos membres. Loin de là !
Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, de recours intensif à la sous-traitance et d’appauvrissement des personnes professionnelles de l’État québécois par rapport aux autres secteurs publics, un recadrage de la position patronale s’avère essentiel pour répondre positivement à la demande de la présidente du Conseil du trésor. De l’avis du SPGQ, les demandes patronales pour réduire les conditions de travail de ses membres sont déconnectées de la réalité; elles génèrent un environnement défavorable pour intensifier les négociations.
Si Mme LeBel souhaite réellement intensifier les négociations cet été, elle doit aussi (et surtout !) revoir à la hausse ses offres salariales, abandonner les réductions au régime de retraite qui ont pour effet d’appauvrir les futurs retraités et renoncer à toutes revendications qui constituent un frein à la rétention et à l’attraction des personnes professionnelle.
Pour parvenir à l’intensification souhaitée, Sonia LeBel doit déposer des offres respectueuses pour les personnes professionnelles de l’État. La lettre du SPGQ se concluait ainsi : « Nous consulterons nos instances le 9 juin sur votre demande, mais à défaut d’une réorientation de la position patronale d’ici là , les convaincre d’intensifier les négociations cet été s’avérera une tâche ardue. »
Pour la prochaine rencontre prévue le 25 mai, votre comité de négociation s’attend donc à un changement de ton et à une offre bonifiée du Conseil du trésor.
Pour nous joindre : nego.fp@spgq.qc.ca
Votre comité de négociation
Guy De Coste
Pascale Jenkins
Ljiljana Jureta
Étienne Girardin
Conseiller en relations du travail et à la négociation
Benoît Laliberté
François Boyer
Responsable politique de la négociation
Josée Néron