Journée internationale des doits des femmes
En septembre dernier, les membres du Collectif 8 mars se sont réunies pour décider du thème de la Journée internationale des droits des femmes 2024. Nous étions alors à la sortie d’un été marqué par des incendies de forêt sans précédent, faisant réaliser à nombre d’entre nous la dure réalité des changements climatiques. Nous étions également à l’aube d’une mobilisation de 570 000 travailleuses et travailleurs, dont une majorité écrasante de femmes, pour revendiquer le respect.
Devant l’inaction des gouvernements en matière de crise climatique, de crise des services publics et de crise du logement, le ras-le-bol et la colère des femmes étaient palpables. Un thème s’est imposé : ça gronde. C’est à la fois un constat et un avertissement qu’on ne peut pas continuer comme ça. Parce qu’un volcan qui gronde finit par exploser.
Cet automne, des travailleuses des services publics ont mené un combat sans précédent. Alors qu’on leur offrait un peu moins de la moitié de l’augmentation salariale offerte aux policiers de la Sûreté du Québec (composée de 73 % d’hommes), elles ont utilisé le moyen ultime, la grève, pour faire valoir leur droit de travailler dans des conditions décentes et défendre les services publics québécois.
Si certaines d’entre elles ont obtenu des gains à l’arraché, il en faudra beaucoup plus pour régler la crise des services publics causée par des années de compressions et de sous-financement. D’ici là, les travailleuses continueront de porter nos services publics à bout de bras. À tout le moins, c’est ce sur quoi compte le gouvernement.
Depuis quelques années, la population subit les conséquences désastreuses d’un autre désinvestissement massif de la part des gouvernements : la crise du logement, dont les femmes sont les premières victimes. Elles ont un revenu moyen moindre, soit 82 % de celui des hommes, selon les données du gouvernement du Québec, et elles ont une espérance de vie plus élevée. Elles sont aussi à la tête de plus de 74 % des familles monoparentales, selon la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec. Les femmes sont donc presque cinq fois plus nombreuses que les hommes à consacrer plus de 30 % de leurs revenus à se loger !
Quand le logement représente une aussi grosse part du budget, que les logements abordables sont inexistants et que le logement est considéré comme un bien profitable sans considération pour les vies humaines concernées, les risques de se retrouver à la rue sont très élevés.
Les femmes racisées, en situation de handicap, autochtones, immigrantes ou âgées doivent de plus composer avec des discriminations dans leur recherche d’un toit.
L’itinérance a bondi de 44 % en cinq ans au Québec. La crise du logement et les expulsions sont la cause principale de cette augmentation, conclut le ministère de la Santé et des Services sociaux. Devant cette crise causée par des dizaines d’années d’inaction, une grande partie de la classe politique préfère montrer du doigt les nouveaux arrivants et rejeter la faute sur l’immigration.
Changements climatiques, crise du logement, iniquités salariales, services publics mis à mal, hausse du coût de la vie, manque de places en service de garde éducatif, ça éclate de partout. Et chaque fois, les femmes sont affectées au premier chef.
Le 8 mars, nous prendrons la rue pour exiger égalité et justice. Nous ferons gronder les rues de Montréal et des villes partout au Québec. Et tant qu’il n’y aura pas d’avancées significatives vers l’égalité entre les hommes et les femmes – et entre les femmes –, ça va continuer de gronder.
Le Collectif 8 mars est composé d’organisations syndicales et d’organisations féministes d’action communautaire autonome représentant près de 800 000 femmes, 17 Tables régionales de concertation en condition féminine et plus de 450 groupes de femmes et mixtes.
* Cosignataires : Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ; Johanie Dupras-Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ; Nathalie Arguin, secrétaire générale, Confédération des syndicats nationaux (CSN) ; Line Camerlain, 1re vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ; Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ; Femmes de diverses origines (FDO) ; Françoise Ramel, vice-présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ; Nadia Aristyl, vice-présidente représentant les femmes, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ; Karine Drolet, présidente, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec (RTRGFQ) ; Martine Duchesne, vice-présidente condition féminine, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) ; Sophie Ferguson, 2e vice-présidente, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)