Mission : sauver des vies !

Le SPGQ souhaite mettre de l’avant le travail de ses membres qui travaillent dans l’ombre. Dans cette entrevue, découvrez le travail de Thérèse Chabot, inspectrice en santé et sécurité au travail.

 

Expliquez-nous brièvement la nature de votre travail.

Les inspectrices et inspecteurs ont longtemps été vus comme étant la « police » de la santé et la sécurité dans les milieux de travail. Oui, la Loi sur la santé et la sécurité du travail nous accorde de grands pouvoirs, dont voici quelques exemples :

  • enquêter sur toute matière relevant de sa compétence;
  • prélever des échantillons à des fins d’analyse;
  • faire des essais et prendre des photographies ou des enregistrements sur un lieu de travail;
  • exiger des attestations de solidité;
  • installer des appareils de mesure;
  • pénétrer à toute heure raisonnable du jour ou de la nuit dans un lieu de travail;
  • ordonner la suspension des travaux ou la fermeture, en tout ou en partie, d’un lieu de travail et, s’il y a lieu, apposer les scellés lorsqu’ils jugent qu’il y a danger pour la santé, la sécurité ou l’intégrité physique des travailleurs.

Or, trois grands principes guident notre travail : convaincre, soutenir, contraindre. Nous utilisons ces principes selon les situations rencontrées afin de faire évoluer les milieux de travail pour les rendre plus sécuritaires.

Nous procédons aussi à des enquêtes lorsque surviennent des accidents graves ou mortels afin d’en déterminer les causes et voir à ce que des accidents semblables ne se reproduisent pas. Ces enquêtes sont menées avec le plus grand sérieux et elles ont souvent des impacts importants dans les milieux de travail où sont alors ajustés leurs méthodes de travail ou leurs équipements. Nos enquêtes sont aussi diffusées dans le milieu de la formation professionnelle.

Quelles sont les principales compétences et expertises que nécessite votre travail ?

Faire de la santé et de la sécurité au travail requiert, selon moi, une profonde conviction que tous les accidents peuvent être évités et qu’il n’y a pas de raison de perdre sa vie à la gagner.

De bonnes qualités de communicateur et de vulgarisateur sont importantes : clarté, écoute, respect. Il faut avoir de l’autorité, de la cohérence, de l’équité, de la neutralité, bref, faire preuve de rigueur pour effectuer ce travail.

 

La délicatesse et la compassion sont des qualités utiles lorsque nous devons présenter un rapport d’enquête à une famille qui a perdu un être cher. Ces gens ont besoin de savoir ce qui s’est passé. C’est notre devoir de leur expliquer. C’est parfois difficile pour eux à entendre, mais c’est toujours fait dans le respect.

 

Les origines professionnelles sont variées chez les inspecteurs : chimie, ergonomie, ingénierie, relations industrielles, hygiène du travail, prévention, etc.  Notre richesse provient de la variété de nos origines. Nous pouvons toujours compter sur un collègue pour nous éclairer dans un domaine où nous sommes moins familiers afin de bien réaliser nos interventions.

 

Il faut aussi avoir une soif insatiable d’apprendre. Le désir de développer nos connaissances nous accompagne tout au long de notre carrière.

Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face dans le cadre de votre travail ?

Les défis sont variés. En voici quelques exemples.

  • Ne jamais savoir ce à quoi nous serons confrontés lors d’une intervention. Il y a toujours ce petit coup d’adrénaline en sortant de notre véhicule. Il faut être prêt à tout !
  • Pour moi, qui évolue dans le domaine de la construction, l’effet météo est bien présent. Cela perturbe souvent notre planification du travail pour la semaine. Il faut alors être souple et pouvoir réorganiser notre semaine en un tournemain.
  • Il faut être prêt à interagir avec des personnes de diverses provenances telles : entrepreneurs, contremaîtres, avocats, travailleurs, ingénieurs. Ces personnes ont évidemment des préoccupations divergentes, mais nous devons les rallier à l’objectif principal de toute intervention c’est-à-dire : que les milieux de travail soient plus sécuritaires.
  • Nous devons nous tenir au courant des changements de réglementations, des nouvelles pratiques, des nouveaux matériaux, etc. Être à la fine pointe de ce qui se fait de mieux nous aide dans nos interventions.
  • Nous sommes aussi conscients que nos décisions ont parfois un impact, non seulement local ou régional, mais aussi provincial. Agir avec discernement est essentiel, car un bon jugement s’avère une qualité incontournable chez un inspecteur.

 

Observez-vous une tendance à la hausse ou à la baisse de vos interventions professionnelles ? À quoi est-ce attribuable selon vous ?

Le marché du travail évolue et notre pratique aussi. Bien que le travail de « contrainte » soit très présent dans notre travail, nous observons des améliorations durables dans certains milieux qui ont su se prendre en main. C’est là où la partie « soutenir » intervient.

 

Je considère avoir réussi une intervention lorsque, au moment où je m’apprête à quitter un lieu de travail, quelqu’un me dit : tandis que vous êtes là, que pensez-vous de tel ou tel sujet ? Bingo ! C’est le signe que cette personne me fait assez confiance pour me demander mon avis.

 

Nos journées sont bien remplies et on ne s’ennuie jamais, c’est d’ailleurs ce qui me plaît.

Quels conseils donneriez-vous à un finissant qui souhaiterait devenir inspecteur en SST ? 

En voici quelques-uns.

  • Avoir le désir profond de vouloir que les milieux de travail soient plus sécuritaires et vouloir faire partie de la solution.
  • Toujours vouloir apprendre, se perfectionner et lire, lire et lire encore !
  • Vouloir aller au fond des choses.
  • Côtoyer des collègues hors pair qui ne vous laisseront jamais tomber et qui ont tant à partager.
  • Ne pas avoir peur des sujets inconnus, c’est là où l’on se surpasse.
  • Avoir le sentiment profond que nous faisons une différence dans la vie des gens.

Qu’avez-vous envie de partager avec nous en guise de conclusion ?

Être inspectrice étant mon tout premier objectif de carrière, j’y suis arrivée et j’en suis extrêmement fière. En terminant, je partage avec vous une phrase de ma fille qui, lorsqu’elle était plus jeune, essayait d’expliquer mon travail en prévention des accidents à ses amies : « Ma mère sauve des vies, mais elle ne sait jamais lesquelles ». Cela résume très bien notre travail !