Télétravail – Bonnes pratiques en visioconférence

Article publié dans le magazine L’Expertise – Juin 2021
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Patrice Blackburn, conseiller en relations du travail – Fonction publique
Janie Beaupré Quenneville, conseillère à la vie syndicale
Jennifer Nadeau, avocate

 

Tous espèrent que les mesures sociosanitaires tirent bientôt à leur fin. Toutefois, les rencontres virtuelles seront probablement une chose courante et celles en présentiel pourraient être l’exception.

Une rencontre en visioconférence est un lieu privé qui fait office de salle de réunion. Il faut y être inscrit ou invité pour y participer. Les participants doivent adopter les mêmes comportements qu’en présentiel, mais avec quelques adaptations.

 

COMMENT SE COMPORTER LORS D’UNE VISIOCONFÉRENCE ?

Voici quelques recommandations applicables autant lors de rencontres des comités et des instances du Syndicat que lors de celles dans le cadre de votre travail :

  • Activez votre webcaméra et votre micro lorsque demandé par la personne qui préside ou anime la rencontre ;
  • Fermez votre micro, sauf pour intervenir, afin d’éviter le partage des bruits ambiants ;
  • Assurez-vous d’être vu et entendu clairement lors de vos interventions ;
  • Adressez-vous autant que possible à l’œil de la webcaméra, et non à l’image des participants ;
  • Utilisez un langage approprié, courtois et professionnel dans vos communications numériques ;
  • Appliquez les convenances quant aux normes sociales d’hygiène de vie en portant des vêtements appropriés ;
  • Respectez le droit de parole ;
  • Respectez les autres participants en évitant de consommer de l’alcool, de manger ou de fumer ;
  • Respectez le bon déroulement des activités en vous abstenant d’être sous l’effet de l’alcool ou de la drogue ;
  • Limitez l’utilisation du télé- phone cellulaire et fermez les alertes et les sonneries ;
  • Avertissez la personne qui préside ou l’animateur lorsque vous devez quitter la rencontre ;
  • Demandez une pause si nécessaire et évitez de fermer simplement votre webcaméra ou de quitter la rencontre en laissant une chaise vide à l’écran ;
  • Fermez les autres logiciels de votre ordinateur ;
  • Prévoyez un arrière-plan neutre (réel ou virtuel) et gérez votre environnement afin de ne pas déranger les autres.

 

VOUS ÊTES CONVOQUÉ COMME TÉMOIN À UNE AUDIENCE VIRTUELLE ?

La Conférence des arbitres du Québec et le Tribunal administra- tif du travail ont émis essentiellement les mêmes recommandations que celles émises ci-dessus. Toutefois, on pourrait exiger que vous soyez assis et seul dans une pièce. Le juge ou l’arbitre pourrait aussi exiger de voir si vous avez des notes devant vous. Vous devrez également consulter seulement les documents autorisés préalablement. On vous demandera un engagement à respecter ces règles lors de l’assermentation.

Les audiences virtuelles sont également publiques, mais, généralement, seuls les participants dont la présence a été annoncée au préalable par les procureurs sont admis. Les juges et les arbitres sont maîtres de l’audience. Ils peuvent même rendre des ordonnances pour faire respecter les règles relatives à la tenue de celle-ci. Soyez toutefois rassuré : une personne conseillère en relations du travail sera présente et vous accompagnera tout au long du processus.

 

ET LA VIE PRIVÉE, ALORS ?

Une personne a le droit de s’attendre à ce que son employeur ne suive pas tous ses faits et gestes en temps réel, particulièrement lorsqu’elle se trouve chez elle. Il s’agit de l’expectative de vie privée. Avec la pandémie de COVID-19, les frontières entre la vie privée et la vie professionnelle n’ont jamais été aussi floues. Ainsi, dans le contexte de télétravail, de nombreuses questions se posent en lien avec le respect au droit à la vie privée et les exigences de l’employeur envers son personnel professionnel.

Votre employeur ne peut pas exiger l’activation de votre webcaméra en tout temps afin de pouvoir surveiller votre travail à dis- tance. La surveillance constante d’un individu à l’aide d’une caméra a même été jugée illégale par les tribunaux. Or, la situation est beaucoup moins claire lorsqu’un employeur exige l’activation de la caméra au cours d’une réunion d’équipe. Le fait que l’employeur demande d’ouvrir la caméra afin de favoriser l’esprit d’équipe pourrait être considéré comme un motif sérieux, légitime et raisonnable. Par ailleurs, dans la mesure où l’employeur permet l’activation d’un arrière-plan virtuel, l’at- teinte pourrait être considérée comme étant minimale. De ce fait, la demande de l’employeur pourrait difficilement être déclarée illégale par un arbitre.

Chaque situation est particulière. Si vous considérez que votre employeur n’a aucune raison légitime d’exiger l’activation de votre webcaméra dans un cas spécifique, discutez-en avec un membre de la délégation ou une personne conseillère en relations du travail.