Mois national de l’histoire autochtone – Tous des êtres humains

7 juin 2021

Même un œil averti ne devinerait pas que Caroline Girard est issue des Premières Nations. Pourtant, cette professionnelle de Revenu Québec est porteuse des traditions et des émotions du peuple innu.

« Innu, en français, ça veut dire être humain, explique-t-elle. Ça me touche tellement. Je n’ai jamais vécu de discrimination, car je n’ai pas les traits d’une personne issue des Premières Nations et que j’ai toujours vécu hors réserve. Cela étant dit, j’ai une sensibilité envers tout ce qui est arrivé à mon peuple et à ce qu’il subit encore aujourd’hui. »

La grand-mère de Mme Girard a quitté la réserve de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, à 18 ans, après avoir épousé un homme blanc. Là-bas, sa famille vivait de la chasse et elle a connu la faim et le racisme. « Ma grand-mère refusait de parler innu tellement elle avait été humiliée à cause de ça, raconte Mme Girard. Des cousines de ma mère ont aussi été enlevées puis amenées dans un pensionnat. Ma mère nous en parlait parfois, mais je n’ai jamais osé poser beaucoup de questions, car je sentais qu’il y avait un traumatisme. »

Même si elle est fière de ses origines, Caroline Girard en parle peu. « Je n’ai pas vécu ce que ceux qui vivent dans les réserves ont vécu donc je ne voudrais pas m’approprier leur histoire, note-t-elle. Par contre, les rares fois où j’ai entendu des commentaires racistes dans mon milieu de travail, je ne me suis pas gênée pour le dire, carte d’Indien à l’appui! »

Elle estime d’ailleurs que son employeur, et l’État de manière générale, devraient en faire plus pour recruter des membres des Premières Nations. « Je fais partie du comité de l’intégration de Revenu Québec et il y a une reddition de comptes, des cibles, des statistiques, souligne Mme Girard. Mais je ne suis pas convaincue pour ce qui est des Premières Nations. Si ce sont des personnes comme moi qui se retrouvent dans les statistiques, ce n’est pas très représentatif, je trouve. »

À son avis, les ministères et organismes devraient aller à la rencontre des Premières nations. « On va recruter au Maroc, en Tunisie et à Paris, pourquoi ne se déplacerait-on pas dans les réserves?, questionne Mme Girard. On pourrait également offrir des bourses pour les jeunes. »

Les personnes issues des Premières Nations sont peu nombreuses dans le personnel professionnel et cela se reflète au syndicat. « Quand je suis arrivée au SPGQ, il y a six ans, les instances étaient composées de beaucoup d’hommes blancs, se souvient Mme Girard. On retrouve une plus grande diversité maintenant, mais il reste du travail à faire. Peut-être que la solution serait de faire comme pour les femmes, c’est-à-dire de réserver des postes aux personnes issues de la diversité dans les différents comités du syndicat. »

Mais avant tout, ce que Mme Girard souhaiterait, c’est que la culture des Premières Nations soit davantage enseignée dans les écoles du Québec. « Mon souhait, c’est que la société québécoise connaisse mieux les Premières Nations et qu’elle les écoute davantage. »