Collèges : Grève et négociations : quelques précisions

Info-Négo – Volume 8 no 15 – 8 décembre 2023

Votre comité de négociation a reçu plusieurs questions et commentaires à la suite du vote en faveur de la grève du 13 au 15 décembre. Voici quelques précisions.

Un vote de grève en deux temps : pourquoi?

 Réunis en conseil d’unité d’accréditation de la section N (CUARN) spécial le 29 novembre, vos délégués se sont vus proposer une journée de grève le 14 décembre avec une manifestation à Trois-Rivières. Cette proposition devait ensuite être bonifiée ce jour-là avec l’ajout d’une à deux journées de grève. Le comité de négociation a souhaité que le CUARN tranche sur le nombre de jours et les dates.

Deux propositions ont alors émergé, soit le 13 décembre avec le front commun et le 15 décembre pour se démarquer. Le comité de négociation a laissé la délégation choisir l’une ou l’autre des propositions. À ce moment, le vote s’est divisé entre les deux dates et les deux propositions ont été rejetées. Pourtant, une grande majorité des personnes participantes jugeaient pertinent d’avoir au moins une autre journée de grève. En effet, chacune de ces propositions a obtenu un nombre considérable de votes favorables, mais sans atteindre la majorité. Le comité de négociation n’a donc pas obtenu le rapport de force nécessaire pour continuer de défendre les intérêts des membres.

Par la suite, les choses ont bougé rapidement tant dans les négociations que dans les médias. Le comité de négociation a donc souhaité profiter de cette conjoncture favorable pour raffermir la pression et sa position à la table de négociation, en plus d’ajouter sa voix aux autres syndicats pour lancer un message sans équivoque au gouvernement.

Le comité de négociation a aussi voulu répondre au besoin exprimé par la délégation de tenir plus d’une journée de grève. Il a donc proposé, au CUARN du 1er décembre, d’ajouter le 13 et le 15 décembre à la grève pour assurer une gradation dans l’expression du mécontentement au gouvernement.

Pourquoi aller de l’avant avec le front commun?

Nos objectifs et ceux du front commun sont semblables à plusieurs égards : rattrapage salarial, maintien du pouvoir d’achat, l’attraction et la rétention, etc. Ensuite, nous avons besoin de lui dans les négociations. Cette solidarité a permis à plusieurs cégeps d’obtenir la levée des cours lorsque nous étions seuls en grève. Elle a aussi permis le partage d’installations lors des journées de piquetage. Enfin, cette collaboration intersyndicale permet aux organisations d’échanger des informations afin de rester cohérents et en cohésion.

Pourquoi faire la grève du 13 au 15 décembre?

La loi nous oblige à tenir nos jours de grève en blocs de jours consécutifs et avec des avis de sept jours ouvrables complets entre chaque bloc. Avec un vote le 1er décembre, il était impossible de commencer la grève avant le 13 décembre.

Nous avons recommandé d’aller à Trois-Rivières pendant une journée de grève du front commun afin que les cours soient levés malgré notre absence. Nous avions aussi besoin de temps pour organiser le tout (formulaires de présences, communications, assemblée générale spéciale, réservation des autobus, planification des repas, etc.).

Cette stratégie nous permet de nous allier avec nos collègues du front commun le 13 décembre, de nous démarquer dans une manifestation le 14 décembre et de fermer les cégeps une journée de plus, le 15 décembre.

Pourquoi faire grève?

 Plusieurs raisons justifient de faire la grève.

  • Les avancées à la table de négociation dans les 15 derniers mois sont minimes. Celles-ci portent essentiellement sur des éléments sectoriels secondaires et des formalités.
  • Plusieurs demandes de l’employeur représentent des reculs. Par exemple : un accès plus restreint au PVRTT, au RVTT et aux demandes de congés sans solde ainsi que le travail jusqu’à 21 h.
  • L’offre ridicule de 10,3 % a été revue hier à 12,7 %, mais demeure insatisfaisante. Cela ne permet pas de tenir compte de l’inflation ni d’effectuer un nécessaire rattrapage salarial.
  • Plusieurs de nos demandes prioritaires ont été catégoriquement rejetées, telles que la bonification de notre régime de retraite, une contribution substantielle du gouvernement à la prime de notre régime d’assurances (4,7 % comparativement à au moins 50 % pour la plupart des employeurs), la reconnaissance des heures supplémentaires à 150 % à la 36eheure), des énoncés de principe sur la déconnexion numérique et sur le télétravail, l’ajout de journées mobiles et de congés additionnels ainsi que la progression plus rapide d’acquisition de vacances.
  • La partie patronale ne propose rien pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Elle ne fait que réclamer plus de flexibilité afin de revoir l’offre de services et insister sur l’importance de la réorganisation du travail. Les moyens qu’elle propose ressemblent plus à de la détention qu’à de la rétention.

Nous faisons du surplace à la table de négociation, notre interlocuteur fait la sourde oreille à nos demandes pour maintenir notre pouvoir d’achat ainsi que pour attirer et retenir les professionnelles et professionnels. Il est impératif de continuer à montrer notre détermination!

Votre comité de négociation
Patricia Marchand
Jacques Bigaouette
David Levasseur
Luc Desjardins, conseiller en relations de travail et à la négociation
Martin Trudel, troisième vice-président