L’impact de la pandémie sur les femmes migrantes, immigrantes et racisées : lutter pour les droits de toutes

Article publié dans le magazine L’Expertise – Avril 2021

Par Émilie Beauchesne
Conseillère à la vie syndicale : dossier des femmes, PAE et comité sur la diversité

 

 

Si la pandémie a forcé la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) à revoir ses activités, notamment en reportant le rassemble­ment, les revendications portées par le mouvement des femmes sont plus que jamais d’actualité.

 

Les cinq revendications de la CQMMF sont :

  • la lutte contre la pauvreté ;
  • la lutte contre la violence faite aux femmes ;
  • la justice climatique ;
  • les femmes autochtones ;
  • les femmes migrantes et immigrantes.

 

Ces revendications ont en commun la volonté d’en finir avec le patriarcat et le capitalisme, qui sont à l’origine d’inégalités diverses entre les femmes et les hommes. D’autres systèmes s’imbriquent à ces deux systèmes d’oppression et complexifient les réalités vécues par les femmes. Les systèmes doivent donc être déconstruits simultanément.

Une approche féministe intersectionnelle permet au mouve­ment de ne laisser pour compte aucune femme. D’ici au grand rassemblement le 17 octobre 2021, des actions en lien avec les cinq revendications seront menées partout au Québec.

 

UNE PANDÉMIE QUI INTENSIFIE LES INÉGALITÉS

La crise sanitaire est venue exacerber les inégalités et les discri­minations que vivent quotidiennement les femmes migrantes, immigrantes et racisées. À l’échelle nationale, les femmes raci­sées gagnent 59 % du salaire d’un homme blanc, tandis qu’une femme blanche gagne 67 % du salaire d’un homme blanc. Plus encore, chez les femmes immigrantes, 45,6 % sont surqualifiées, selon une analyse réalisée en 2019 par le Comité consultatif Femmes en développement de la main-d’oeuvre.

« Les femmes immigrantes ou racisées sont […] plus vulnérables aux conséquences sociales et économiques de la pandémie, souligne le Conseil du statut de la femme. Leur accès au marché du travail et leur surreprésentation dans les emplois à risque et faiblement rémunérés soulèvent des enjeux à cet égard. »

Le quotidien des femmes migrantes, immigrantes et racisées était déjà complexe avant la pandémie. Elles étaient majoritaires dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services, des milieux qui subissent particulièrement les impacts de l’austérité des dernières années. Ces dernières ont laissé comme marque des salaires et conditions de travail inadéquates. Selon Statis­tique Canada, la proportion de personnes immigrantes parmi le personnel d’aides-infirmiers, d’aides-soignants et de préposés aux bénéficiaires au Québec était de 26 % en 2016, comparati­vement à 15 % dans l’ensemble des autres professions. Plus de 80 % d’entre elles étaient des femmes.

 

DIFFICULTÉ D’INTÉGRATION ET MANQUE DE MESURES INCLUSIVES

Une des raisons identifiées par la CQMMF pour expliquer les inégalités persistantes vécues par les femmes migrantes et immigrantes est leur difficulté d’intégration. Elle constate aussi un manque de mesures inclusives qui tiennent compte de la complexité du parcours d’intégration et qui garantissent un accès aux services et aux droits, indépendamment de leur statut migratoire.

 

PISTES DE SOLUTION

Afin d’atténuer les inégalités, le gouvernement doit reconnaître et valoriser les expertises des groupes représentant les intérêts des femmes. Ces derniers sont porteurs de solutions.

Finalement, la CQMMF juge essentiel d’aborder l’action gouver­nementale au moyen d’une analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) afin que les femmes migrantes, immi­grantes et racisées ne soient plus invisibles dans un angle mort.

Les solutions existent. Les groupes de femmes les portent. Inutile de réinventer la roue : écoutons les femmes !

 

Qu’est-ce que la CQMMF ?

La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) est un regroupement national fémi­niste qui a pour mission de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples. Elle aspire aussi à contri­buer à éliminer les causes de la pauvreté et de la violence envers les femmes. La CQMMF vise à mainte­nir et à développer une solidarité avec les coordina­tions nationales de la région de l’Amérique et à l’international dans le mouvement de la Marche mon­diale des femmes.