Le premier ministre, François Legault, a beau refuser de reconnaître l’existence du racisme systémique au Québec, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au sein même du personnel de l’État québécois, les membres des minorités visibles et ethniques sont sous-représentés.
Selon le Bilan annuel 2019-2020 du programme d’accès à l’égalité en emploi pour les membres des minorités visibles et ethniques du Secrétariat du Conseil du trésor, ces personnes représentaient à peine 13,4 % des effectifs de l’État au 31 mars 2020. Si l’augmentation se poursuit au rythme d’environ 1 % par an comme c’est le cas actuellement, le gouvernement ratera sa propre cible de 18 % en 2023.
Dans les sociétés d’État et les cégeps, les minorités visibles représentent respectivement 6,1 % et 3,1 % des effectifs, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Pour les minorités ethniques, les taux étaient respectivement de 2,6 % et de 2,7 %. Dans tous les cas, on rate les cibles qui varient entre 7,2 % et 11,2 % selon le cas. Au moment de la sortie du rapport de la CDPDJ, le premier ministre lui-même a reconnu qu’il y avait un problème… qu’il refuse d’appeler par son nom. Le racisme systémique existe et refuser de nommer le problème n’aide pas à le régler.
Qu’on se comprenne bien. Personne ne dit que le premier ministre ou les employeurs de la fonction publique et des organismes parapublics sont racistes. Mais le système et ses imperfections font en sorte que ces minorités sont sous-représentées dans les effectifs. Des efforts ont été faits, mais c’est toujours insuffisant. Le gouvernement doit faire mieux en tant qu’employeur et il doit également amener les autres employeurs québécois à améliorer leurs pratiques!
Racisme et sexisme
Par ailleurs, il est aussi important d’aborder le problème du racisme systémique dans une perspective d’égalité entre les sexes. Actuellement, les femmes sont doublement touchées. En effet, si une femme blanche gagne en moyenne 67 % du salaire d’un homme au Canada, une femme racisée gagne à peine 59 % de celui-ci. Parmi les femmes immigrantes, 45,6 % sont surqualifiées!
Le SPGQ appuie donc la revendication de la Marche mondiale des femmes pour la mise en place de mesures adaptées pour lutter contre les discriminations sexistes et racistes. « Ces mesures doivent tenir compte de la complexité des parcours d’intégration de ces femmes et leur garantir un accès aux services et aux droits, indépendamment de leur statut migratoire, et ce, avec une approche écosystémique », précise l’organisation.
Le Québec est une société ouverte et accueillante, mais il faut avoir le courage de reconnaître les problèmes et d’y apporter des solutions.