Perception du retour au bureau du personnel professionnel : un peu d’enthousiasme et… beaucoup de scepticisme !

21 janvier 2022

Article publié dans le magazine L’Expertise – Décembre 2021

Par Philippe Desjardins, conseiller aux communications

Pour près de 75 % des membres du SPGQ qui étaient en télétravail à 100 % du temps pendant la pandémie, la date du 7 septembre dernier a sonné le glas de ce mode de travail. Plus de 18 mois après le décret d’urgence sanitaire, cette date marquait en effet le retour graduel au bureau, en route vers un mode de travail hybride où le télétravail sera permis trois jours par semaine.

Par le biais d’une question posée le 22 juillet sur notre page Face­book, le Syndicat a voulu savoir comment les membres entre­voient leur retour au bureau. En moins de 24 heures, pas moins de 200 commentaires ont été rédigés. En voici les grandes lignes.

Retour au bureau : beaucoup de bof, de nombreux beurk et peu de youpi

Déjà, en novembre 2020, un sondage du SPGQ révélait que 94,26 % de ses membres souhaitaient poursuivre le télétravail après la pandémie. C’est donc sans trop de surprise que nous avons recueilli une très forte majorité de réponses non enthou­siastes à notre question posée sur Facebook au sujet du retour au bureau.

Les opinions exprimées oscillent entre scepticisme, déception et incompréhension. Voici quelques commentaires représentatifs formulés par celles et ceux qu’on devine plutôt tièdes à l’idée d’un retour au bureau :

« C’est bien de revoir ses collègues en personne, mais je trouve qu’on est beaucoup plus efficaces en télétravail. On se fait moins déranger et c’est moins bruyant. De plus, le travail au bureau sera plutôt du télétravail au bureau, car les réunions seront en majorité par Teams et on va garder l’habitude de se parler par Teams, ce qui est beaucoup plus efficace. De plus, avec la congestion, la pollution et les changements climatiques, je trouve que c’est illogique, selon moi, de retourner en présentiel alors que le télétravail fonctionne. Si ça peut diminuer de quelques points de pourcentage les émissions de CO2, pourquoi arrêter ? Le télétravail devrait être au choix de l’employé et même encouragé. »

« Je suis très déçue, car mon travail se fait beaucoup plus rapidement à la maison et, côté ergonomie, je suis mieux installée chez moi. Si je suis obligée d’être deux jours/semaine au bureau et que j’ai une réunion avec quelqu’un qui est en télétravail ce jour-là, nous serons toujours sur Teams. De plus, pas besoin d’écouter la vie de tout le monde le matin… J’ai de bons collègues, mais ma vie sociale n’est pas au bureau. »

« Déçue. Pourquoi ne pas laisser le choix aux gens de décider ce qu’ils veulent ? Certains retourneront à temps plein, tandis que d’autres aimeraient demeurer en télétravail… De plus, c’est prouvé que la prestation de travail n’a pas été affectée par le télétravail, donc je ne vois pas la valeur ajoutée de me déplacer au bureau pour le travail, alors que je le fais très bien de la maison depuis plus d’un an ! »

Certes, les commentaires désenchantés sont légion à propos du retour au bureau. Les appréhensions concernent souvent les déplacements, les économies, la flexibilité, l’autonomie, la pro­ductivité et la concentration. Bref, les membres redoutent de perdre les bénéfices humains, environnementaux et financiers du télétravail.

Toutefois, d’autres expriment de l’enthousiasme, notamment à l’idée de renouer avec leurs collègues et de s’affranchir d’un mode de travail inadapté à leur domicile ou à leur condition physique. Voici quelques-uns de ces commentaires :

« Ravie et soulagée ! Je n’aime pas le télétravail. J’ai hâte de voir si on pourra être au bureau plus que deux jours/ semaine. Par contre, un peu tannant de devoir traîner tout son matériel informatique chaque fois et ne plus pouvoir laisser des effets personnels sur son bureau. »

« Déjà en format hybride une semaine sur deux, c’est parfait. Je ne suis pas faite pour être à la maison : appartement trop petit, ergonomie déficiente, pas de vrais contacts humains. Les relations interpersonnelles sont faites pour se vivre en vrai. La formation du personnel, le coaching, la gestion du personnel sont d’autant plus efficaces en personne. Entendre ce qui se passe autour, les problèmes avant qu’ils soient trop gros, les inquiétudes, les joies, les bons coups, les idées en temps réel, il n’y a rien de mieux pour faire grandir une équipe. Sans oublier l’activité économique générée par notre présence. »

« Très hâte de retourner au travail sur place. Je crains toutefois l’absence de nombreux collègues avec l’intégration du télétravail. Ce sont les interactions qui me manquent. L’émulation du groupe. »

Un forum de discussion fort attendu sur le télétravail

Malgré les écueils qu’il a engendrés durant la pandémie, le télé­travail a assurément la cote auprès du personnel professionnel de l’État. Pour un syndicat qui valorise l’autonomie de ses membres, ce sujet s’érige comme un incontournable qui n’est pas près de s’essouffler, comme le laisse d’ailleurs croire l’engagement du gouvernement à créer un forum de discussion sur le télétravail dans la foulée du renouvellement de la Conven­tion collective des professionnelles et professionnels 2015-2020.

Selon les termes du Secrétariat du Conseil du trésor, ce forum de discussion visera à identifier les dispositions de la convention collective 2020-2023 qui pourraient poser des difficultés d’appli­cation ou d’interprétation, en raison du fait qu’elles ne seraient pas nécessairement adaptées au contexte du télétravail. Il se penchera, entre autres, sur la disponibilité en dehors des heures normales de travail, sur les situations et circonstances où l’em­ployeur peut requérir du travail depuis le domicile en dehors de ces heures normales ainsi que sur les modalités concernant les rappels au travail.

Rappelons que ce forum sera mis en place dans les 30 jours sui­vant la signature de la convention collective, prévue pour le début d’octobre 2021 [au moment d’écrire ces lignes]. Le forum sera constitué d’un maximum de trois représentants de la partie syndicale et d’un maximum de trois représentants de la partie patronale. Au plus tard, les discussions prendront fin dans les 12 mois qui suivent la création du forum.

Si le télétravail a fait les manchettes en 2020 et en 2021, attendons-nous à pareil traitement en 2022 !