Retraite Québec a récemment mis en place un tout nouveau réseau de prévention en santé psychologique : le réseau Sentinelle.
Ce projet était dans l’air depuis l’automne 2019 alors qu’un atelier de sensibilisation à la santé psychologique a été offert aux gestionnaires. « Le déploiement d’un tel réseau contribue à l’atteinte d’un des objectifs stratégiques de Retraite Québec qui est d’offrir une expérience-employé distinctive favorisant la santé globale et le développement de l’expertise, explique Sabrina Jacques, conseillère en santé des personnes au travail. Il s’inscrit aussi dans le cadre d’une des actions de la Stratégie de gestion des ressources humaines du Secrétariat du Conseil du trésor, qui vise à implanter une vision globale en santé des personnes au travail. »
Comme l’arrivée de la pandémie a affecté la santé mentale de plusieurs personnes, le déploiement du réseau des Sentinelles s’est accéléré. Un appel de candidatures a été lancé à l’automne 2020 et le recrutement de sentinelles s’est poursuivi par la suite. Parmi les volontaires : Marie-Andrée Blais, actuaire chez Retraite Québec et membre du SPGQ. « J’ai toujours aimé aider les gens, donner du temps pour les autres, m’informer de leur niveau de bien-être et apporter mon soutien et mon écoute, explique-t-elle. J’adore la vie et je suis une femme pleinement épanouie, alors je m’efforce de donner au suivant, car cela me fait du bien de savoir que je peux ajouter un peu de bonheur dans la vie des autres. J’ai appris beaucoup sur l’humain grâce à mes diverses interventions, mais également par les formations. L’entraide entre les sentinelles de Retraite Québec est aussi remarquable. »
Après une entrevue avec la direction des ressources humaines pour évaluer son aisance à agir en santé psychologique et la validation de son gestionnaire, elle a reçu de la formation et est officiellement devenue sentinelle. « Je sens que mes collègues sont reconnaissants que je me soucie d’eux, autant sur ce qu’ils vivent dans leur vie professionnelle que personnelle, note Mme Blais. La réponse de mes collègues est excellente. Plusieurs s’ouvrent à moi. Je leur offre d’abord mon écoute, mais je peux également les référer vers les ressources appropriées au besoin. »
Le rôle des sentinelles de Retraite Québec comporte trois éléments importants :
- Reconnaître les signaux de stress et de détresse psychologique chez leurs collègues, ainsi que les comportements et idées suicidaires;
- Écouter les personnes vivant des difficultés;
- Référer vers les ressources appropriées.
Évidemment, les sentinelles doivent faire attention à elles dans l’exercice. « Je ne dois pas tenter de tout régler par moi-même, même si j’aime m’investir dans mon rôle, souligne Mme Blais. Je dois également garder une barrière psychologique afin de ne pas être affectée personnellement par les enjeux vécus par les collègues et garder un bon moral. Je dois également fixer une limite claire dans mes disponibilités, pour éviter qu’on communique avec moi en dehors des heures du bureau ou sur les réseaux sociaux, par exemple. Les sentinelles sont grandement épaulées par les ressources humaines et le programme d’aide aux employés auprès de qui elles peuvent obtenir des conseils judicieux dans les situations plus problématiques. »
Difficile de mesurer concrètement les résultats puisque l’initiative a pris son envol seulement en mars 2021. « Une rencontre est prévue en novembre pour effectuer un premier bilan, précise Mme Jacques. Les sentinelles peuvent (et non doivent) remplir un court formulaire à la suite d’une intervention. Lors de cette rencontre de bilan, les sentinelles seront invitées à dénombrer leurs interventions et à partager leur bilan qualitatif. Le fait d’avoir ajouté un filet de sécurité supplémentaire en prévention du suicide est un avantage non négligeable, même s’il est peu quantifiable en termes d’impacts concrets. »
Pour Mme Blais, l’expérience est déjà un succès. « Je constate que le niveau de bien-être global de mon service n’a cessé d’augmenter depuis le mois de mars 2021, indique-t-elle. Diverses notions peuvent expliquer ceci, mais j’aime croire que les sentinelles y sont également pour quelque chose! Nous sommes en avant-plan pour reconnaître les signaux de stress et de détresse psychologique auprès de nos collègues et nous pouvons effectuer des interventions rapides auprès des personnes vivant des difficultés. Cela fait en sorte d’empêcher que les situations dégénèrent à plus long terme. »