Cinq bonnes idées de mobilisation

Par David Bernans, conseiller à la vie syndicale – mobilisation

Les bons arguments sont souvent insuffisants pour faire avancer les discussions à la table de négociation. L’employeur a régulièrement besoin de se faire rappeler qu’il y a des membres qui appuient ces comités et qui attendent des avancées. Voici cinq bonnes idées de mobilisation pour améliorer le rapport de force du personnel professionnel face à l’employeur. 

1. Assemblée d’unité 

La réunion la plus simple à convoquer selon les statuts et règlements du SPGQ est l’assemblée d’unité. Depuis la généralisation du télétravail, plusieurs employeurs tolèrent l’utilisation du courriel professionnel et de la visioconférence par une personne déléguée pour la convocation et le déroulement des assemblées. Afin de connaître les protocoles à respecter pour l’utilisation des outils de votre employeur, communiquez avec une personne à l’organisation de travail pour la fonction publique ou avec la personne conseillère attitrée à votre unité parapublique.  

La personne déléguée ou déléguée substitute convoque généralement les membres de son unité de travail par courriel professionnel. Il faut inclure la date et l’heure de la réunion, l’ordre du jour et le lien Teams en cas de réunion virtuelle. Celle-ci doit avoir lieu en dehors des heures de travail (ex. : pendant une pause ou à l’heure de dîner). Idéalement, l’invitation est envoyée au moins sept jours avant la rencontre. Toutefois, le délai de sept jours est statutaire en cas d’élection. Plusieurs unités peuvent être convoquées simultanément pour une assemblée d’unités regroupées. 

Une assemblée d’unité est l’occasion idéale pour prendre le pouls des membres. On peut les sonder sur la meilleure façon de les mobiliser, sur les points sensibles de l’employeur à viser par des moyens de pression, sur les enjeux les plus importants pour la négociation, etc. Ensuite, on peut aviser le conseil de section, le réseau de mobilisation et le comité de négociation des enjeux locaux. Les membres qui participent aux assemblées d’unité sont beaucoup plus faciles à mobiliser pour les actions syndicales que les membres qui n’ont aucun lien avec le Syndicat dans leur quotidien. 

2. Pauses pour la cause 

Chaque professionnelle et professionnel a droit à une pause de 15 minutes en matinée et à une autre en après-midi. C’est dans toutes les conventions collectives négociées par le SPGQ. Pendant les négociations avec Loto-Québec, Revenu Québec et les institutions culturelles représentées par le Syndicat, les pauses collectives sur Teams étaient une façon efficace de mobiliser les membres et de diffuser les informations utiles pour faire avancer les négociations. 

Pour une pause collective, la tolérance à l’utilisation des outils électroniques de l’employeur varie d’une organisation à l’autre. À Revenu Québec, la délégation était convoquée à la pause par le courriel professionnel et l’hyperlien pour la pause était affiché sur l’intranet de l’employeur pour l’ensemble des membres. Pour les institutions culturelles, l’hyperlien pour la pause était affiché sur le site du SPGQ. 

L’important est de faire des pauses sur une base régulière (ex. : une pause collective chaque mardi à 10 h) afin qu’elles deviennent une habitude pour les membres. À Revenu Québec, la pause est devenue tellement populaire (plus de 1000 participants à la fois) qu’il fallait ajouter des pauses supplémentaires. 

Le réseau de mobilisation peut également organiser des pauses en personne, idéalement avec des collations sur place. 

3. Fonds d’écran 

La jurisprudence sur l’utilisation des outils de l’employeur est toujours en évolution. Évidemment, le personnel d’une organisation ne peut pas utiliser les outils de l’employeur pour le diffamer. Toutefois, la liberté d’expression est reconnue par les chartes québécoises et canadiennes des droits et libertés, et elle a été reconnue par les tribunaux à plusieurs reprises dans des contextes syndicaux. Par exemple, la Cour d’appel a reconnu que les membres de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) pouvaient légitimement utiliser une signature électronique dans leur courriel professionnel, d’une façon balisée, pour informer les tiers et les convaincre d’appuyer leur cause. 

Le même principe devrait s’appliquer aux fonds d’écran Teams. Vous ne pouvez pas inscrire n’importe quoi sur un fond d’écran au travail, mais c’est possible d’y diffuser des informations factuelles favorables à la cause syndicale. À la demande d’un comité de négociation ou d’une autre instance syndicale, le SPGQ peut mettre à la disposition des membres un ou plusieurs fonds d’écran

L’important est de s’assurer d’une masse critique de participation dès le début de la mise en place des fonds d’écran. Avec une bonne participation aux pauses virtuelles, il est possible de démontrer à l’ensemble des membres la mise en place des fonds d’écran d’une façon concrète. Quand tout le monde déploie son fond d’écran, personne ne sent visé par son gestionnaire, et l’employeur reçoit le message de l’ensemble du personnel professionnel. 

4. Pétition en ligne 

L’employeur fait souvent semblant que tout va bien, même quand il existe des problèmes majeurs dans le milieu de travail. Se plaindre individuellement est gênant pour une personne employée. On peut donc mandater une personne déléguée pour passer son message. 

Une autre option est la création d’une pétition en ligne afin que le personnel professionnel puisse manifester collectivement son mécontentement. À la demande d’un comité de négociation ou d’une autre instance syndicale, le SPGQ peut mettre en ligne une pétition, comme il l’a fait pour le comité de négociation de Revenu Québec. La pétition démontre l’ampleur de la frustration parmi les collègues de travail, ce qui brise l’isolement. Il devient alors plus difficile pour l’employeur de nier la réalité et plus facile pour les personnes déléguées d’inciter les membres à faire des actions concertées pour manifester leur mécontentement par des moyens plus lourds. 

5. Journée syndicale en présentiel 

Dans plusieurs ministères et organismes, l’employeur impose au personnel professionnel un certain nombre de journées sur le lieu de travail. Puisque cette règle est assez arbitraire et n’offre aucune valeur ajoutée, plusieurs en sont frustrés. L’idée de boycotter le bureau revient donc souvent dans les réunions de mobilisation. Refuser une directive de l’employeur est toutefois considéré comme de l’insubordination et expose les membres à des mesures disciplinaires.  

À l’inverse, le personnel professionnel peut généralement choisir de venir sur son lieu de travail pour une journée donnée. C’est donc possible d’organiser une journée syndicale au bureau! 

Le SPGQ, idéalement en collaboration avec les autres syndicats du même lieu de travail, peut inviter l’ensemble des membres à se rendre au bureau en portant leurs couleurs syndicales (ex. : foulards rouges pour les membres du SPGQ). Cette journée risque d’être assez chaotique pour l’employeur, qui n’aura pas nécessairement assez de place pour tout son personnel. Une tempête parfaite pour démontrer l’utilité de l’autonomie professionnelle et la nécessité d’une meilleure politique de télétravail! 

Du côté syndical, ce pourrait être l’occasion d’organiser un dîner collectif pour échanger sur l’avancement des négociations ou sur d’autres sujets d’intérêts pour les membres. 

>> Quelques outils de mobilisation


Consultez le dossier complet : État des négociations


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